perdez la dispute, pas la personne. (billie)

Tu ne pouvais pas attendre plus longtemps Isa avant d’aller voir Billie. Hier quand tu lui as parlé par message, elle t’a fait comprendre qu’elle ne voulait ni te voir ni te parler. Tu peux la comprendre. T’as merdé. Mais T’as envie de la voir. T’as besoin de la voir. Parce qu’elle fait partie intégrante de ta vie et que tu n’aimes pas la voir triste. Et aujourd’hui c’est un peu, beaucoup de ta faute si elle l’est. En effet, si tu n’avais pas parlé à Hendrix, il ne serait jamais parti la voir, il ne se serait pas parlé, il n’aurait pas découvert ses potentiels problèmes de santé et surtout, elle ne l’aurait pas embrassé et lui ne serait pas parti comme ça. Parfois, juste un évènement, juste une discussion peut déclencher quelque chose. Et hier, tu en étais la cause. T’as été bête un peu, t’as emmené la conversation assez maladroitement.  Tu ne sais pas si Billie est dans sa chambre chez les diman, mais tu tentes quand même, tu y vas. Sans la prévenir. Tu y vas simplement. Et quand tu arrives sur place, on te dit bien qu’elle y est et tu montes, sans réellement demander l’autorisation. De toute façon, même si on te disait de ne pas monter, tu l’aurais fait quand même. Tu frappes à sa porte. C’est Isa, j’peux entrer ? Tu t’attends à une réponse négative de sa part, ou à aucune réponse du tout. Faut qu’on parle. Tu rajoutes ensuite. Tu veux t’excuser d’avoir parlé à Hendrix, mais tu ne veux pas t’excuser de t’être inquiété. Tu veux t’excuser t’avoir pensé qu’elle était enceinte. Et tu veux aussi lui demander c’est quoi cette histoire de poids en baisse. Tu veux aussi lui demander ce qu’il s’est passé, exactement, notamment la partie où elle a embrassé Hend. Ouais vous avez beaucoup à discuter et pourtant tu sais qu’elle n’a pas envie d’avoir une discussion avec toi. Hier, elle te l’a dit. Enfin elle t’a dit de laissé tomber. Chose qu’elle doit déjà savoir, mais tu ne laisses jamais tomber, surtout pas tes proches. Surtout pas Billie.  
 

Tu frappes. Tu parles. Tu n’as pas de réponse dans l’immédiat. Puis finalement, la porte elle s’ouvre, et tu ne t’attendais pas à ça. Déjà, tu ne t’attendais pas à ce que Billie ouvre la porte. Tu n’avais pas imaginé qu’elle aurait le sourire sur lèvre. Tu ne pensais pas qu’elle t’accueillerait avec un « isa, bébé » accompagné d’un baiser sur la joue. Non, toi tu pensais qu’elle ne t’ouvrirait pas, qu’elle te laisserait simplement dehors. Tu t’imaginais qu’elle allait plutôt de crier dessus, bouder, même te taper ça ne t’étonnerais pas. Mais c’est carrément différent. Cependant,  tu le vois que ça sonne faux, qu’il y a quelque chose derrière ce sourire, derrière ce ton joyeux. Parce que tu le vois qu’elle a dû pleurer toute la nuit. Tu le vois qu’elle n’est pas bien, qu’elle fait simplement semblant. Tu ne dis rien sur le coup, tu la laisses t’entrainer dans la chambre, et plus particulièrement vers son chevalet. Elle te parle de la toile qu’elle est en train de peintre. C’est beau oui, que tu penses intérieurement, mais c’est triste. C’est sombre. C’est jolie oui, que tu lui dis en regardant la toile, mais c’est quand même assez triste non ? Tu rajoutes en la regardant cette fois-ci. Ça ne t’étonne pas que sa toile soit si triste, généralement l’art que l’on fait représente l’état d’esprit dans laquelle on se trouve. Les sentiments que l’on éprouve ou les situations que l’on vit. C’est ce que tu penses, c’est aussi ce qu’on a dit. Et visiblement aujourd’hui, avec Billie ça semble vrai. Elle sourit en parlant Billie, mais toi tu le fais pas parce que tu sais que c’est faux, tu sais que c’est un sourire qui cache beaucoup trop de sentiments négatifs. On s’assoie ? Tu demandes faussement, parce qu’avant même t’entendre sa réponse, tu l’entraine vers son lit, t’es déjà venue dans sa chambre, donc t’as pas besoin de lui demander lequel et le sien. Elle s’assoie sur son lit, pendant que toi tu attrapes une chaise pour te mettre en face d’elle. Ouais tu ne te mets pas à côté, parce qu’en face à face, c’est plus facile de discuter, et toi et elle vous aviez des choses à vous dire.  
 

Tu ne comprends pas son attitude à Billie. Mais tu n'es pas tellement surpris. Parce que c'est tout Billie ça, faire comme s'il n'y avait rien. Comme si rien ne s’était passé. Comme si elle allait bien. Elle veut être forte Billie, elle veut paraître forte. Mais tu la connait la gosse. Elle ne veut pas montrer sa tristesse. Elle ne veut pas parler de ce qui lui fait mal. Parce qu'elle ne veut pas pleurer devant toi, devant les autres. Elle ne veut pas montrer sa faiblesse. Parce qu’elle est comme ça. Et toi souvent ça t'agace, ça t'énerve. Mais tu ne dis rien pour l’instant. Tu la regarde se lever lorsque tu l'entraine pour qu’elle s'assoit. Elle prend de l’argent dans une boîte et elle te parle de glace. Tu l'écoute. Mais clairement elle doit le savoir vous ne sortirez pas de cette chambre sans avoir eu une discussion. Peu importe comment elle se déroule. Peu importe la tournure. Vous discuterez parce que parfois il le faut, parce qu'il faut mettre des mots sur ce qu'ils se passent. Des mots sur des maux. Tu n'es pas le premier à dire ce que tu ressens, tu le fais même très rarement car tu es très réservé sur tes sentiments. Mais ça ne t’empêche de demander le ressenti des autres. Enfin pas de n'importe qui non plus. Seulement les gens que tu portes dans ton cœur. Parce que t'as besoin de savoir si ça va ou pas. Parce que t'as envie de les aider. De faire en sorte qu'ils se sentent mieux. T'es comme ça toi. Tu lui attrapes la main et une fois de plus tu l'entraine sur son lit. Pourquoi ta peinture est aussi triste ? Pourquoi t'as dessiné une ballerine qui ne peut plus danser ? Tu ne sais pas s’il faut la connaître pour le savoir, mais toi tu sais qu'il y a une signification. Tu sais ce qu'il se passe. Mais tu veux la pousser à parler, à s’énerver, à pleurer même s'il le faut. Mais tu veux qu'elle extériorise ses pensées, ses émotions. Parce que garder tout pour soi ce n'est pas bon pour elle.  
 

Billie elle fait semblant de ne pas comprendre ce que tu lui demandes. Elle fait semblant de donner des réponses que tu n’attends pas réellement. Elle fait l’idiote, elle ne prend pas cela au sérieux. Et ça t’énerve intérieur. Mais toi Isa, tu restes calme, tu ne t’énerve pas pour l’instant. Pourtant, c’est le genre de chose qui t’agace, surtout venant de Billie. Mais tu ne dis rien pour l’instant. Tu ne réponds pas à sa première remarque et alors qu’elle s’assoie sur le lit, tu la vois sautiller, comme une enfante. Elle te parle de glace et clairement sur le coup, tu t’en fou de cette glace. On ira la manger cette glace si tu veux. Plus tard. Parce que tout de suite et j’espère que tu le sais, mais on ne sortira pas de cette pièce avant qu’on est une vraie discussion. Une discussion sincère tu veux. Pas Billie qui fait semblant d’aller bien alors que tu sais pertinemment que c’est faux. Est-ce que tu peux arrêter de faire semblant qu’il y a rien Billie ? Est-ce qu’on peut avoir une réelle conversation. Tu restes calme autant que tu peux. Mais tu sais que si elle continue comme ça, tu n’arriveras pas à garder ton calme, tu t’énerveras tu le sais. Tu n’arriveras pas à te contrôler et tu la pousseras à parler. Parce que tu n’attends que ça. Qu’elle s’ouvre à toi, qu’elle se livre. Qu’elle te dise ce qu’elle a à te reprocher et qu’elle te parle de ses sentiments, d’Hendrix, de sa perte de poids, de tout. Parce que si elle ne te dit rien, tu ne pourras rien faire pour elle et qu’elle le veuille ou non t’as envie de l’aider.
 

L’attitude de Billie, elle t’agace, elle t’énerve, elle t’embête. Billie, elle fait semblant. Billie elle se cache. Billie elle fuit. Et bordel que ça te saoule. Elle garde se sourire aux lèvres que tu aimes tant en règle général, mais aujourd’hui il a le don de t’énerver. Elle te dit qu’elle va bien une fois de plus, elle fait comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Elle te demande si toi ça va. Tu soupires, tu respires un bon coup, t’essayes de te calmer intérieurement. Tu te fous de ma gueule Billie ? Ouais clairement elle doit se foutre de ta gueule, en te disant que ça va, en te laissant en dehors de ce qu’elle éprouve. Arrêtes de faire ça, arrête d’être comme ça, je te l’ai déjà dit pleins de fois. Quand ça va pas il faut que tu le dises. Tu ne peux pas rester à faire semblant que tout va bien alors que je sais très bien que c’est pas le cas. Tu respires une fois de plus, tu ne lui laisses pas le temps de parler pour autant parce que tu poursuis. Tu peux arrêter de te cacher derrière ce sourire, cette fausse bonne humeur. Tu peux simplement arrêter d’être comme ça le temps d’un instant. Tu peux sourire autant que tu veux aux gens dehors, mais moi je sais que tout ça c’est faux. Alors arrêtes Billie, t’es pas obligé de rester forte tout le temps. Tu t’arrêtes de parler, toujours en train de regarder ton amie, t’as le droit de craquer, de t’énerver, de pleurer, de crier. Tu finis par dire. Finalement le ton est un peu monté, avant de redescendre avec ta dernière phrase. Parfois, tu n’arrives pas à t’en empêcher d’oser le ton avant de redescendre, c’est quand quelque chose t’énerve vraiment, des réactions, des actions, des attitudes.
 

Peu importe ton ton, peu importe tes phrases. Elle garde ce même sourire sur les lèvres, elle parle exactement de la même façon. Ouais ça te saoule. Et pourtant ça ne te surprends pas, parce qu’elle est comme ça Billie. Mais ça t’énerve toujours autant. Pourtant tu reprends ton calme. Tu ne t’énerves pas. Tu sais Billie moi aussi je t’aime, mais clairement parfois tu as le don de m’énerver tu sais. Que tu lui dis en soupirant. C’est ton amie, ta meilleure amie, celle que tu considères comme une sœur, mais ouais par moment elle t’énerve. Je sais que je me suis trompé, t’es pas enceinte, mais je le pensais vraiment. D’ailleurs je savais qu’il y a un truc qui n’allait pas. Et parlons-en alors de ça vu que c’est toi qui en parle. C’est quoi cette histoire de perte de poids ? Oui, Hendrix te l’a dit, il t’en a parlé et clairement ça t’inquiète. C’est pour ça que tu vomis ? C’est pour ça que tu portes encore plus de vêtements larges ? Pour que ça ne se voit pas ? Il se passe quoi Billie, parles moi. Tu lui dis d’un ton plus posé que tout à l’heure. Et ne me dis pas que c’est rien, ne me dis pas qu’Hendrix raconte n’importe quoi. Dis-moi ce qu’il se passe et ne me mens pas. Tu détestes qu’on te mente, elle doit le savoir. Et t’espères qu’elle va arrêter de faire l’idiote, t’espère qu’elle te dira la vérité et non pas ces mensonges qu’elle sort à tout le monde pour faire croire que tout va bien.
 

Votre début de conversation, elle ne le prend pas au sérieux Billie. Elle fait semblant, elle fuis, elle se cache derrière des sourires, une bonne humeur. Elle se cache. Et toi t’as pas envie de ça, t’as envie qu’elle se livre, qu’elle s’ouvre. Alors tu oses le ton, un peu, tu oses le ton et elle ne dit toujours rien, puis tu lui parles de la perte de poids, ouais c’est elle qui a lancé le sujet en quelque sorte. Et puis, finalement, elle enlève se sourire qu’elle porte depuis tout à l’heure. Elle ne sourit plus et parle enfin. Sérieusement. Toi tu l’écoutes attentivement. Ce qu’elle te dit t’en avais aucune idée, tu ne savais rien de tout ça et tu te demandes comment tu as fait pour ne rien voir, et en même temps tu t’en veux de n’avoir rien vu. Tes angoisse, ça dure depuis longtemps ? C’est ce que tu te poses comme question sur le moment, depuis combien de temps ça dure ses angoisses ? C’est à cause de ces angoisses que tu vomis ? Que tu maigris ? Tu poses les questions mais tu te doutes que c’est pour cela, que tout cela va ensemble. T’es calme, tu te questionnes, t’essayes de comprendre. T’en as parlé à quelqu’un ? Tu te poses beaucoup de questions et à la dernière que tu lui poses, tu te lèves de la chaise pour t’assoir à côté d’elle. Elle te parle d’Hendrix, qui l’a calmé, est-ce qu’il est au courant de ses angoisses ? Tu ne penses pas finalement, il ne doit rien savoir. Elle te dit ensuite qu’il l’a rayé de sa vie. Et toi, tu ne sais pas si c’est réellement vrai, ça non plus tu ne penses pas. Il ne t’as pas rayé de sa vie. C’est ce que tu lui dis, mais tu ne sais pas si tu aurais dû lui dire ça. Enfin, sinon il ne s’en ferait pas pour toi. C’est ce que tu te dis.
 

Elle te parle de ses angoisses Billie, quelque chose que tu ignorais totalement. En fait, tu ne l’imaginais pas du tout. Quand tu l’as vu vomir, enfin juste après, t’étais loin de t’imaginer cela. Toi t’étais partis sur la grossesse et tu avais tout faux. Tu n’aurais jamais pensé à cela. Tu lui demandes depuis quand ça dure, elle te répond que ça a toujours été là, mais qu’avant Il n’y avait pas les vomissements. Elle baisse la tête Billie, elle ne te regarde pas. Alors que toi t’essayes de comprendre ce qui lui arrive. Elle rajoute que personne n’est au courant, que le dessin ça la calmait plus maintenant. Le dessin d’abord, puis Hendrix, mais là il n’est plus là, c’est ce qu’elle dit, alors qu’elle lève finalement les yeux vers toi. Des yeux brillants, larmoyants. Tu la prends dans tes bras Billie. Tu as envie de lui demander pourquoi elle ne t’a rien dit, pourquoi elle t’a caché ça, mais tu ne dis rien. Tu gardes ça pour toi, elle n’a pas besoin de ça, pas maintenant. Tu restes un petit instant comme cela, Billie dans tes bras. Puis finalement tu te retires doucement. Je suis là maintenant, tu lui dis, parce que finalement tu n’as pas l’impression d’avoir toujours été là pour elle, tu n’es obligée d’affronter tout ça toute seule. Je suis là pour toi. Et puis tu penses à Hendrix, tu ne comprends pas pourquoi il est parti, comme ça, quand elle l’a embrassé et t’as cette question au bout des lèvres qui te démangent. Tu lui as demandé de ne plus te parler, avant ? Enfin je veux dire, c’est pas ce que tu veux non ?  Enfin sinon tu ne l’aurais pas embrassé, mais tu lui as dit ce que tu voulais ? Clairement dit ?