eyes closed (philecca)

ici tout l'monde déraille, tout l'monde déraille
t'es cent fois trop, cent fois trop bonne

les habitudes ont la vie dure. réveil avant le réveil. becca qui lui tourne le dos. la pénombre du 6h30 du matin qui engloutit la chambre. jogging enfilé, basket au pied. le temps de prendre un café et le voilà qui part fouler le bitume du campus. rare sont ceux qu'ils croisent. mais le sourire de ceux qui partagent leur course font arriver le soleil.
le visage satisfait. passage rapide sous la douche. serviette autour de la taille. les jambes qui traversent le couloir, en espérant que sa colocataire soit réveillé. la poignée cède sous ses doigts. dévoilant le tableau d'une scène qui ne le surprenait pas tant que ça. dans des teintes de gris. les draps du lit d'à côté se froissent et se défroissent dans une danse que nul n'a besoin d'expliciter. les gémissements couvrent doucement le silence, alors qu'il s'installe. bras croisé, l'épaule contre la chambranle de la porte. même pas il penserait à fermer la porte, s'excuser, faire comme si il n'avait rien vu. juste un sourire narquois qui se dessine sur ses lèvres, attendant gentiment qu'on le repère. les yeux de becca passe sur sa silhouette et il semble de nouveau prendre vie. « alors du coup. j'étais entrain de me demander : je vous rejoins. je le fous dehors. ou je le gueule dans le couloir ? »

La mécanique des sexes semble fulminer à Brown, espèce de volcan commun où les uns couchent avec le premier projectile viable quitte à déclencher la chute de Pompéi. La légende dit que les Sears ne fréquentent pas les loups de l’autre camp, alors, si la tradition s’ensuit de conséquences, ça n’explique pas la porte ouverte à sept heures dix sur un garçon abonné aux bleus et à leur décadence, comment? Beck s’enticherait en réalité d’un certain Cesar, lui qui devrait déjà être au pied de la statue de Pompée se retrouve affalé devant elle, Beck dévoile le creux de sa nuque, brûlant, son corps, ses paroles dansantes quand elle le cartographie avec ses doigts (et sa bouche), elle qui connait si bien l’enchaînement de ses phrases, elle sait à quel moment se débarrasser du t-shirt trop large qui lui sert d’ancrage avant la nudité, pourtant - il n’y a aucun hasard à ce retournement brutal - et Osbornien.

Autant blâmer l’administration pour ce cruel coup du sort, en se réveillant après la disparition d’Adlane, ça l’avait soudainement frappée, condamner Beck Parker à une existence plate à côté du lit de Philéas Adlane - sans Philéas Adlane pour provoquer une explosion digne de ce nom? Quelle erreur, elle s’était empressée de contacter le garçon apparu sous la dernière photo du vert, un de ceux qui percent les filles avec leurs sourires, et de là, il lui suffisait de jouer avec les vieux messages qu’elle lui avait envoyés sous le joug de l’alcool, en jouer, par sous-entendus, elle n’avait pu trouver en Cesar qu’un de ces faux ennemis avec qui pactiser - et qui ne voudrait pas faire d’une alliance un coup d’un soir plutôt qu’un coup d’état? Et s’ils se précipitaient l’un sur l’autre?

Entre draps froissés et soupirs catastrophes, Beck se laissa bercer par la voix de Philéas, elle qui l’avait attrapé comme un chat dans une souricière dans la pénombre, elle ricana avant de s’interrompre. « Ça dépend, tu portes un caleçon sous ta serviette, Philéas? »
Après mûre réflexion, Rebecca Parker sera sans doute à Cesar ce que Pompée se devait d’être deux millénaires plus tôt: synonyme d’une mort violente et scandaleuse.

gonna need a spark to ignite
my songs know what you did in the dark

les jeux sont fait pour être gagné par des sears. mais l'anglais ne laisserait pas becca s'en tirer avec un simple sourire en coin et un rire pincé qu'aurait pu déployer une souris. « non. tu viendras pas me l'enlever pour vérifier. » les doigts de la sears resteraient bien sage, loin de sa serviette, et du peu de chair qu'il lui reste couverte. il ne lui permettrait pas une telle familiarité. pas alors qu'elle partageait sa moitié de la chambre avec césar. césar ? un ton de voix qu'il n'a pas entendu depuis longtemps. mais quelques mots suffit à replacer les traits. ceux d'un chapin, surpris, gêné.
tout le monde penserait à un balai bien différend qui se déroulerait dans cette chambre. une princesse qui aurait remonté le drap à toute vitesse, l'inconnu qui aurait verrouillé la porte du donjon avant que le dragon puisse bousiller le prince de ses flammes. « cinq, dix minutes. » mais au final l'inconnu n'avais qu'une hâte voir, la décision du dragon, alors que le prince aurait probablement aimé sauter par la fenêtre et la princesse les éblouir de son corps. philéas avait pas vraiment compté le nombre de gémissements entre le frémissement du bois et la perception du chevalier en retard. il admirait beaucoup trop la pertinence de la sears. les corps s'étaient immobilisés en statue grecque, seul l'éclat de pupille révélait l'affront. « je vais prendre la quatrième option. continuez, faites comme si j'étais pas là. » ça l'amusait. d'imaginer les voir galérer pour continuer, ne pas se faire remarquer par la porte que philéas n'avait pas pris le soin de fermer en rejoignant son armoire. ou de voir le chapin essayer de se faufiler hors du dortoir et de la salle commune des sears, sans se faire happer par les remarques. phil, il voulait voir jusqu'où ils étaient prêt à jouer. reine en echec.

Rebecca est née un jour pluvieux, un jour où la moitié des évènements échappe à la nature humaine, comme un glissement de terrain, une moisson phénoménale, un accident. Elle est arrivée dans les bras d’un accident et l’accident est devenu Rebecca. Elle ne pouvait pas vraiment se l’expliquer, c’était peut être les draps froissés et le bruit de frottement des jambes de Cesar Osborn pendant qu’il se débat ou le ton monocorde que Philéas aime prendre, comme si c’était un signal immédiat, une onde radio qu’on peine à retrouver dont on entend pourtant le bourdonnement discret, le grain d’une voix rebondissant dans une chambre d’isolement. Parker s’était redressée, elle était nue comme un vers, elle y trouvait un certain réconfort, aussi pervers fut-il, elle ne pouvait pas résister à l’espèce de vulnérabilité qui s’installe avec la pudeur, sorte de loi éthique monopolisée par les individus mâles comme si leur chromosome leur donnait tout de suite un malus, face à une fille à poil. 

« Mais tu es là. »
Elle doutait, doutait que Philéas soient de ceux-là, alors, elle s’extirpait du lit, traversait la chambre pour trouver à l’autre bout son dos nus et le bas de ses reins, pendant qu’elle cherchait de quoi se couvrir, désamorcer le tic-tac fulgurant de Philéas Adlane, quel jour était-il né, quel temps faisait-il? Beaucoup de variables qui détermineraient sa place dans la boucle infernale des précipitations relationnelles,  Philéas, quand il parlait, avait constamment l’air de sourire, Beck remarquait, s’habillant sans trop de volonté. Elle sourit à Cesar de là, comme si elle interrompait déjà le scandale, au fond ne voulait-elle pas seulement graver une image?

've got the scars from tomorrow and I wish you could see
That you're the antidote to everything except for me

qui n'était pas à sa place ? phil pour les avoir dérangé ? beck pour avoir enfreint la tradition : only a sears deserve a sears ? cesar pour n'avoir pas attendu les premiers cours et la sûreté de n'avoir personne pour les interrompre ? personne ne semblait à sa place légitime. perdu dans la pièce de théâtre. échanger les rôles auraient surement été d'une sagesse infini. sans pour autant plaire aux acteurs. les paroles se perdent entre deux soupirs. il était là. et il aurait surement du décider de disparaitre dans la chambre d'une sears. au lieu de laisser son ego parler et décider de rompre le coup de becca. « tu trouveras plus important à te faire osborn, j'en suis persuadé. » plus important qu'une sears à la dérive. plus important que la colocataire d'adlane. la personne qui aurait interrogé philéas sur son comportement aurait surement eu comme réponse : la tradition non respecté et la volonté de faire royalement chier parker. il n'avouerait rien d'autre qui pourrait compromettre ses sentiments. rien qui pourrait montrer la faiblesse de son ego et faire apparaître le palpitant entre ses deux poumons et le craquement de ses côtes. les deux corps chaud présents derrière lui. l'un ayant sorti l'excuse de la recherche de tissu, l'autre qui avait déjà enfiler le sien, avec la volonté de s'enfuir. le doigt pointé sur la nudité de la brune. « non, mais c'est de la provocation. » et en deux essais, beck avait finit par commencé à habituer l'anglais à ses essais de coups de théâtre. philéas lui rendit un sourire. il n'avait pas besoin de raconter des histoires, sa réputation s'était crée toute seule. et toutes les semaines, une mise à jour de celle-ci était faite par ceux qui lui était proche. « si t'insistes. tu sais où me trouver. » il aurait pu mettre des néons et son prénom, nom ou surnom sur la porte. ça aurait fait le même effet. tout le monde s'attendait à trouver une surprise en passant la porte du dortoir. ou l'un des deux à moitié à poil. il attrappa un jean enfila le tissu alors qu'il entendait beck encore fouiller. « si tu cherches un truc à te mettre à moi, t'as toujours mon t-shirt non. »

Contourner les règles, c’était un art ancestral, essayer de s’enrouler autour dans la délicatesse fourbe de l’humain qui transgresse sans se prendre les pieds dans une morale acide, il fallait bien tenter. Certains disaient que la tradition avait du bon, mais pour Rebecca coucher avec un Chapin en conservant deux Sears dans l’équation semblait annuler le quotient catastrophe, et alors que tout s’écroulait que la pièce voulait de nouveau se réduire à Beck et Phil sur scène, elle laissa sa main glisser sur le battant du placard. Cesar quittait le centre lumineux, s’interrompait comme une averse. « De quoi est-ce-que tu parles? » Elle aimait voir Philéas s’étouffer avec l’air, qu’il l’attrape sans retenue de ses mains trop fortes, elle qui n’avait pas cette poigne. Beck était du genre à effacer la moitié de l’histoire, regarder dégringoler le héros quelques niveaux plus bas, « Quel t-shirt? » elle lui demandait sans le chercher dans la dégringolade de fringues, boutonnant un de ces pantalons qui lui bouffaient la moitié de la taille, et puis elle couvrait sa poitrine. 


Il commençait à devenir récurrent, à se creuser comme de mauvaises cernes, parfois elle se disait avoir déjà entendu cette phrase sortir de sa bouche, vu venir le fou-rire qui le tordait dans tous les sens sans pour autant le faire se volatiliser, il était un dessin repris coup sur coup qui finissait par marquer, elle était pas prudente. La porte du dortoir s’était refermée sans entracte, il avait pas bougé d’un cil.

Who does he think she is?
If that's the worst you got, better put your fingers back to the key

à la fin de sa phrase, le chapin avait disparu. au détour d'une porte claquée, dans un silence semi-gêné. les sears se retrouvèrent entre eux. deux reptiles se tournant autour sans savoir si l'un devait franchir l'eau ou l'autre monter sur la rive. si le sable devenait le terrain le plus sur ou si la profondeur d'un point d'eau pouvait cacher les émotions. et philéas avait laissé le chapin échapper à toute trace de violence, jalousie ou rancœur. aucune de celles-ci parcouraient son palpitant. il pouvait toujours essayer de s'en convaincre. et il y arrivait terriblement bien. il n'avait qu'a prendre une grande inspiration, fermer les yeux et s'enfoncer dans les profondeurs d'une rivière.
il grinça des dents, laissant les sentiments lui ravager l'intérieur, furieux de devoir lui rappeler les sept minutes au paradis. « le seul que je t'ai enfilé pour éviter que tu te retrouves à oilp. » il attrapa une chemise au vol avant de se pointer devant le miroir. fermant les boutons un à un avec soin. une inspiration de plus. un signe de tête vers la porte « cesar ? sérieusement ? bien sûr on passera sur le fait que t'es choisi un de mes potes. » phil aurait pu lui répéter la tradition. un sears. only a sears. et il aurait du, mais l'hypocrisie lui serait sorti par les yeux. il n'avait su garder ses distances avec les diman.
dans le fond, aucune raison n'était valable pour le bordel que becca lui avait causé intérieurement. aucune, sauf si il avouait tout. il avouait tout ce qu'il refoulait à l'arrière. tout ce qu'adlane s'est toujours refusé de ressentir. et dans un jeu qui n'en finissait pas. il n'avait pas posé sur la sears depuis qu'elle avait quitté la douceur des draps.

let’s be alone, together
(my heart is like a stallion, they love it more when it's broken)

Sur les fenêtres la pluie se mit à tomber, et le ciel à gronder, Beck se rappela de ce qu’elle avait écrit sur le blog, hier, à propos d’un déluge, un condensé de chutes qui allait bien avec son signe, ses yeux ne traînaient pas loin des carreaux et rarement elle croisait la bête aux yeux sombres et aux cheveux bazar, avec des poèmes coincés au fond des baskets, des courses interrompues, Phil c’était un jour trouble, lourd et poisse. Philéas, il gardait des tonnerres au fond de sa gorge et par moments ils se mettaient à tourbillonner à la sortie de sa bouche, mais ça n’empêchait pas le crocodile de siffler, de se contenter d’un mince filet d’air qui allait d’un bout à l’autre de la chambre pour secouer Rebecca Parker, il le savait. « Ah. Celui-là, ouais, je peux te le rendre, je sais juste pas où il est. »

Plié, soigneusement, au milieu des désordres humains.



Il était doué pour ça, une de ses compétences spéciales, il gagnait des points bonus, il faisait du dégât retirait des néons à ses coeurs, il la désarmait - comme si la fille aux yeux en amandes et au prénom tranchant n’était qu’une bombe mal remontée, un attentat mal préparé. - Ses yeux croisèrent les siens, avant de les quitter, encore, elle achevait le supplice, elle n’était pas nue. Fin du niveau, fin du calvaire, fin de la poursuite, début de la guerre. « T’as quoi contre César, Phil. Il est beau non? Il est vachement beau, en fait. Rien d’autre. »


Répondre aux questions qu’il ne se pose pas et compter les centimètres entre lui, et elle, si Philéas n’était pas un garçon, il serait un trouble alimentaire, psychologique, Rebecca semblait souffrir de tous les symptômes. « Et puis ça veut dire quoi, ça? « T’as choisi? » Tu veux dire quoi par là? »

@cesar osborn @philéas adlane

cause, we could stay young forever

il y a l'orage qui frappe les vitres, avec une attaque de pluie soudaine. philéas il se laisse surprendre une fois. pas deux. avec la rage du nuage qui sort s’abattre sur le monde. et une pluie constante, qui bat le carreau, avec la sensation de vouloir l'éclater. une journée de plus à passer sous la flotte. mais c'est ce temps bizarre, ou il pleut, mais la chaleur étouffe un peu. alors il est impossible de garder un pull. le chemise suffirait pas à le garder étanche, faudra quand même abattre le cuir et le bonnet.
alors qu'il reste perdu. ce n'était pas la disparition du t-shirt qui allait le froisser. tant qu'elle ne perdait pas tout ce qu'elle comptait enfiler des tissus à lui. « garde le, je m'en fou. »
il ne répondait pas. les yeux sur sa chemise. à lisser le tissu, trois fois plus que le nécessaire. pour éviter de devoir détourner le regard. et oublier de retenir sa respiration en plongeant se cacher. étouffer. les poumons noyés d'eau. « t'as bien choisi non, t'as pas baiser le premier qu'a passé la porte. » mais si il fallait faire la même chose pour la faire réagir. il coucherait peut-être avec quelqu'un proche d'elle demain matin. être quitte. abattre les cartes et dérober les as des manches. pour repartir à zéro.

que tu me souilles malgré toi
et si tu m'racontes ça demain promis ça m'f'ra rien

les mains qui se promènent sur le tissu déconcentrerai n'importe qui. y compris philéas. surprenant alors que l'imaginer à poil les secondes, aucune ampoule ne s'était allumée dans sa tête. aucun effet. alors que la tendresse d'une caresse sur le col de sa chemise suffisait à lui faire dériver le regard. « on parlait pas de moi, mais si tu veux savoir. » son corps faisant face au sien. volonté d'être clair. de clore le sujet. avoir vu le cul de cesar donner du plaisir à becca lui suffisait. ses doigts vifs, traçaient avec précision les contours de sa mâchoire et de sa joue.  « non, je prends pas au hasard. oui, j'ai des envies particulières. » et l'envie qu'il refrénait le plus. taisait alors qu'elle criait au fond de lui. et les cris se superposaient à la bouche de becca. prenant son sens dans les timides hallucinations provoqués par le refoulement perpétuel de l'anglais. « tant que je te vois pas te taper mes potes, ça devrait aller. » un bisous qui claque sur sa joue. surpris lui aussi par le geste. peut-être que c'était juste histoire de l'amadouer. mais il s'était adouci à son contact. une pommade. il s'enfuit chercher ses chaussures. assis sur le bord de son lit. concentrer sur les lacets. résistant à la tentation d'effleurer un peu plus son épiderme.

When people ask about us, now, we just brush it off
I don't know why we act like it means nothing at all

Tentative d'éteindre le feu dans sa tête, de la même façon que, le garçon angoissé par ses vérités avalerait son propre coeur pour ne pas l'entendre parler davantage. Calcifer prenait d'autres formes, traçait les lignes de ses doigts, les embrasait, les globes affolés de Rebecca tombèrent  sur les mains de Philéas, elle voyait l'incendie s'étendre sans rien faire, pourvu qu'il ne reste que des cendres, si tout s'effondrait peut-être qu'un trait du soleil viendrait par la fenêtre s'écraser sur la poitrine de Philéas. Rebecca voulait un signe, si seulement elle voyait que tout ce qui s'écrase autour d'eux, là, ça, oui, ça, c'était le signe. "D'accord."
Elle disparait dans la salle de bain, là où l'air parait différent, le froid des carreaux au mur, la température de son organisme qui veut bouillir jusque faire siffler sa tête dans tous les sens, cet ordre implicite donné, il aurait pu dire: Me parle plus jamais Rebecca, les mots sortant de sa bouche auraient été les mêmes, elle ferme la porte et se retient de respirer, il pourrait l'entendre, il pourrait gratter une allumette dans le creux de son cou et tout enflammer. Les mèches de jais touchant aux bords de son visage la tétanisent davantage, Beck ferme les yeux, condamne la porte de secours qui donne accès à son palpitant désastreux.