not every idea is a good one (freddy)

Les corps se déhanchent au milieu de cette grande salle commune qui a connu plus le chaos que la tranquillité au fil du temps et des années. D’autres chairs s’échauffent également dans les moindres recoins de la pièce principale, toutefois ce n’est pas le rythme de la musique qu’ils marquent avec leur gestuelle sensuelle, mais bien une danse encore plus ardente, si elle a de nom le désir. Si Freddy ne s’est pas encore trouvé de concubin ou de concubine pour la soirée, et ne s’en trouvera probablement pas alors que les yeux bleus de son sugar daddy hante ses pensées les plus perverses, il se laisse néanmoins très volontiers bercer par l’atmosphère de décadence qui enivre ses sens et inhibe ses veines. Bien qu’il voit certaines drogues passer, pilules, poudre ou même buvards il est à peu près sûr, pour lui ce soir c’est seulement alcool. Et weed. Quoique peut-il réellement compter l’herbe comme une drogue ? Né la tête dans des kilos de drogues, toute cette illégalité a été banalisée par sa conscience. La marijuana et l’éthanol suffisent à lui faire tourner la tête et à stopper le flot incessant de pensées qui s’entrechoquent entre les parois de son crâne. Il est jovial, ses pulsions malsaines ne semblent pas vouloir faire surface ce soir et il ne peut qu’en être satisfait. Il ne se défait pas de son grand sourire qui est plaqué sur son visage et qui étire ses lèvres, même lorsque les besoins naturels reprennent toujours le dessus. Il s’excuse auprès de la demoiselle, au décolleté presque trop plongeant avec qui il discutait – et soudainement il ne se souvient même plus ce qu’ils pouvaient bien être entrain de se dire –, pose son verre vide sans oublier d’attraper une bouteille au passage d’un geste expert et presque automatique, le joint coincé entre les lèvres alors qu’il se faufile entre les personnes de la foule pour arriver jusqu’aux toilettes. Heureux hasard pour lui, il n’y a personne et aucune queue, alors sans plus attendre il se soulage, la bouteille à terre et le joint derrière l’oreille. Ce n’est que lorsqu’il est entrain de se laver les mains qu’il entend la porte grincer et sent une présence s’installer derrière lui. Automatiquement, il regarde par dessus son épaule pour voir qui vient déranger son moment intime. Son visage se fige et se durcit quand il reconnaît instantanément cette personne. Il n’a pas l’intention de lui adresser la parole, alors qu’il sent sa mâchoire se contracter sous l’émotion de colère. Il éteint le robinet et va pour partir lorsqu’il voit la porte se refermer aussi soudainement et la poignée se faire la malle. Mierda. Il ne peut pas s’empêcher de jurer entre ses dents, dans sa langue natale. Il souffle, essaie de contenir l’avalanche d’émotions qui étreignent ses tripes. Il ne veut pas la regarder, ne peut pas. Freddy est une boule d’amour mais supporte très mal la trahison. La douleur lui est insupportable. Alors il se penche plutôt pour ramasser la bouteille. Tu as un don pour énoncer l’évidence. Il boit une grosse gorgée, et s’il était un peu plus sobre il sentirait que l’alcool lui brûle le gosier. Tout ce qu’on a à faire c’est de sortir non ? Parce que je ne tiens pas à rester à tes côtés. Il a le regard presque mauvais, Freddy. Mais c’est surtout de la douleur qu’on peut lire dans ses prunelles brunes. Il passe devant Eline, en faisant bien attention à l’ignorer, pour s’approcher de la porte et tester d’un petit coup d’épaule sa résistance. Il a trop bu pour avoir un quelconque équilibre. T’as pas un prince charmant qui peut venir à notre rescousse ? Dos appuyé contre la fameuse maudite porte, il continue de boire aussi vite qu’il boirait de l’eau. Il sait que Eline a du succès. Comment ne pourrait-elle pas en avoir, après tout ? Elle est belle. Mais c’est une peste. C’est bien parce qu’elle a les hommes à ses pieds qu’elle l’a trompé, n’est-ce pas ?

La cruauté qui glace les entrailles de Freddy lui fait tourner la tête et lui couperait presque le souffle. Cela ne lui ressemble pas d’être aussi froid, c’est un enfant du feu, devenu pyromane au risque de se brûler et de mourir immoler. Mais c’est plus fort que lui. Il voit son visage et toute la douleur lui revient en pleine face. La gifle est continue et rougit ses joues un peu plus à chaque coup, jusqu’à la souffrance qui gronde au fond de lui devient insupportable et se transforme en rage étouffée. Sa maladie psychologique qui vient bourdonner à ses oreilles comme un très mauvais parasite qui se propage trop vite sans qu’il ne puisse rien faire, il sert le poing de sa main libre pour ne pas se laisser aller à la violence qui berce ses nuits. Crois-moi, on le pourrait je serais partis depuis longtemps. Peut-être est-ce l’alcool ou sa colère, mais il a cette étrange impression d’être en décalage avec son corps, que sa conscience observe la scène d’un peu plus de loin, et le rire inhumain qui sort de sa gorge n’est pas le sien. Oh lo siento, est-ce que mon dos a blessé ton couteau ? Il renifle, dédaigneux, quant à son attitude de princesse. Certes elle est d’une beauté indéniable, mais comment a-t-il pu tomber sous son charme et dans le panneau ? Il se hait presque autant qu’il la hait, pour tout cela. C’est une Rogers-Morris, elle ne pouvait pas être si atroce que cela même s’ils passaient le plus clair de leur temps à se crier dessus. Et bien si. Quel con. Mes putes ? Mes putes n’ont jamais été un souci. À part toi, bien sûr. Il n’aime pas insulter, il n’aime pas l’insulter elle en particulier. Mais les mots sont tout ce qu’il a pour se défouler présentement, parce que s’il a plus l’habitude de parler avec ses poings il est hors de question qu’il se laisse aller avec elle. Malgré qu’elle l’ait blessé atrocement. Et n’ose pas me faire une crise de jalousie maintenant. T’as pas le droit. Son bras se lève alors qu’il pointe un doigt accusateur vers elle, ses yeux déjà bruns se noircissent encore plus sous l’effet de la colère. Et il boit une autre gorgée de cette bouteille dont il a oublié quel alcool elle contenait. Présentement, peu lui importe. Il sait qu’il ne devrait pas boire parce que cela augmente les chances qu’il pète les plombs, mais c’est le seul moyen qu’il a de gérer sa douleur pour le moment. Ça et… Il prend le joint qu’il a coincé derrière son oreille, oublié alors que Eline l’a drôlement perturbé. Il l’allume, s’en foutant complètement de faire un aqua dans les toilettes et d’enfumer sa belle.