Sunlight and whisky [Jamie&Hermes]

Sunlight and whisky

Il faisait grand beau.
Le ciel était d'un bleu presque irréel et le soleil à son zénith. Je n'aurai même pas été surpris si j'avais entendu des oiseaux gazouiller. Providence se couvrait de verdure de plus en plus chaque jour. Seule une légère brise passait de tempe en temps, arrachant un frisson comme un requiem de l'hiver. Qu'importe, nous y étions enfin : le retour des beaux jours !

Qui disait beau jour, disait apéritif dehors. Mais qui disait Hermes Hathaway sous-entendait évidemment que l'apéritif était dans l'extrême. Il était dix-sept heures, et j'étais déjà terriblement ivre. Pour une fois, cela n'allait pas conduire sur une soirée de débauche, car le lendemain j'avais un examen conséquent – quatre heures de dissertation – sur l'influence de la mythologie gréco-romaine sur notre société actuelle. Quels enfoirés, de mettre un examen le vendredi matin ! Non pas que je sois l'élève le plus préoccupé par mon avenir, mais je me sentais bien à Brown. Il fallait que je continue mes études si je voulais rester dans cet amusant univers. Voilà plus de six mois que j'étais arrivé dans cette université, et j'avais pu faire énormément de bonnes rencontres. Des teufeurs dans mon genre ou des élèves plus calmes, de très jolies filles et de sacrés beaux gosses, et cette ambiance si particulière dans laquelle tout le monde cohabitait. Les coucheries, les scandales, les histoires de fric … A vrai dire, toutes ses petites chamailleries quotidiennes me faisaient sacrément rire. J'étais bien ici.
Et encore plus lorsque j'étais bourré.

Eurk. J'entendis ma gorge faire un bruit digne du film Alien. J'étais brassé. Le whisky en plein soleil, mauvaise idée. A tapait très fort. Je finis par me laisser choir sur un banc, non loin de la rivière. Je ne tenais plus tellement debout. Dommage, pour quelqu'un qui buvait autant d'être toujours aussi intolérant à l'abus d'alcool, pensa une voix sarcastique en moi. Je me pris alors la tête dans les mains. J'en étais quasiment sûr, j'allais vomir.
Et puis, autre certitude, je devais faire peine à voir, prostré sur mon banc en plein soleil.  

Sunlight and whisky

Je crois qu'il y a quelqu'un. Oui, une fille même. Elle parla, mais sa voix raisonnait au travers de mon crâne endolori. Je comprenais pas trop ce qu'elle me disait, mais sans être un génie j'imaginais bien que cette jeune femme voulait s’enquérir de mon état. Par gentillesse ou pour renflouer son tas de ragots, aucune idée. Je tournai enfin ma tête vers elle. Wow, tout tournait autour de moi. Il allait que je me concentre pour ne pas voir en triple.
Quelle idée j'avais de me déchirer comme cela en pleine journée ? Sûrement les même motivations un peu floues qui me tournaient autour depuis tant d'année. Et de toute façon, qui m'engueulerait d'être comme cela ? Mes frères ? Ils n'étaient pas vraiment mieux. Mes parents ? Ah bah non je n'en ai plus. Et mes amis ? Ils m'aimaient pour cela, évidemment. Pour mes frasques et mes excès. Quant à l'argent, ce n'était pas un problème. Quand tu es héritier d'une grande famille à seulement vingt ans, l'argent est vraiment le cadet de tes soucis.
Je fis alors ce que je savais faire de mieux face à la jeune femme. Je fis un grand sourire – du genre pub pour dentifrice – et relevai la tête. Un peu trop vite d'ailleurs, je tanguai quelque peu.
« Je suis bourré vois-tu ! Mais je vais te dire un secret : la plupart des gens bien le sont ! » . Je ris de ma propre référence au Chapelier fou. Mais, remarquant la grimace de la demoiselle, je ne pus m'empêcher de rajouter : « Oh, je suis désolé, j'ai plus rien à boire pour toi … C'est pas très poli ça ! ».
Je fis la moue, comme un enfant qui a fait une bêtise. J'étais de ces gars qui faisait des blagues n'importe quand, n'importe où, et à n'importe qui.