(cejo) stranger from the past

Bidouillant sur mon portable, j'attendais l'ascenseur. J'avais passé la soirée à la salle d'arcade avec des potes, afin de me changer les idées sur les récents événements. J'avais oubliée à quel point c'était agréable de passer du temps de qualité avec les gens, de penser à autre chose. La liberté, en quelque sorte. Pas de sms du genre à quelle heure tu rentres? T'es avec qui? Pouvoir rentrer à l'heure que je voulais, miracle. Et, avec qui je voulais. Sauf qu'il était encore tôt, 22 heures et je me cassais parce que j'étais fatiguée. Et j'en avais marre d'être là, étonnant mais vrai. Un bip annonçait l'arrivée de l'ascenseur et je relevais à peine les yeux de l'écran de mon téléphone, je faisais pas gaffe à la silhouette qui se trouvait dans la cabine. Ou du moins, pas pour l'instant. L'article que j'étais en train de lire me rendait littéralement vénère que je finissais par fermer mon téléphone et de ce fait, relever les yeux pour jeter un bref regard sur le mec devant moi. Moins d'une seconde de contact visuel avant de détourner les yeux pour regarder les chiffres défiler lentement. Je m'appuyais légèrement contre le mur de la cabine, j'avais hâte d'arriver à l'étage du parking. Au même moment, l'ascenseur s'arrêtait brusquement. C'était une blague là? Non, pas ça. Pas avec moi à l'intérieur de la cabine. C'était une putain de blague en fait! Sans même y réfléchir, je commençais à appuyer sur tous les boutons que je voyais. Pourquoi ça fonctionne pas putain!? je continuais de m'acharner comme une malade. J'pouvais survivre à tout, mais pas au fait d'être coincée dans un ascenseur entre deux étages. Help.        

Adossé sur les murs métalliques de l’ascenseur, Cesar se laisse bercer par la musique qui résonne dans ses oreilles.  Des musiques qui lui donneraient envie de danser en plein milieu de cet ascenseur s’il n’était pas mort de fatigue. C’est encore une de ses nuits où il a décidé d’imbiber son sang d’alcool hors de prix avec ses amis avant de partir parce que son moral repartait à zéro et qu’il ne voulait pas gâcher la soirée de ses potes. Il a tout mis sur la fatigue et sur les copies à rendre pour les jours suivants, trouvant des prétextes à moitié convaincant lorsqu’on le connaissait. La fatigue n’atteignait jamais Cesar et il était pas du genre à s’avancer de trop dans ses devoirs. En fait, il était plus ce genre d’étudiant à tout faire la vieille en priant pour tout finir avant le lendemain matin. Une façon de faire qui n’était pas assez sérieuse, mais qui convenait au Osborn. Au moins, il réussissait toutes ses années (bien que cette réussite soit peut-être assurée par le fait qu’en période d’examens, Cesar devenait beaucoup plus sérieux avec ses études.) Cesar aimait se dire qu’il avait un talent pour les mathématiques et qu’il n’avait pas à livrer son âme pour ses devoirs. Cesar aimait se dire qu’il avait un truc bien à lui. Les mathématiques et son talent pour les calculs, puisque le talent qu’il a sur scène est souvent bâclé pour sa calculatrice et ses équations sans fin. Ses yeux s’ouvrent lorsque l’air frais devient plus frais et qu’une jeune femme, étudiante dirait-il, entre et vient lui tenir compagnie dans la grande boîte métallique. Il lui sourit par gentillesse et politesse, mais se rend vite compte qu’elle ne lui prête aucune attention et que son téléphone est bien plus important. Ne voulant pas admettre qu’il vient de se prendre un vent, il lance un soupir inaudible, l'air déçu. L’ascenseur descend et lorsqu’il voit le chiffre baisser, il enlève son écouteur pensant qu’il est bientôt prêt à quitter l’ascenseur. Seulement, le destin, si c’est bien lui, en décide autrement et fait en sorte que l’ascenseur se coince. Plus de chiffre au haut de leur tête et des lumières qui deviennent mais blanches, moins éclairantes. Elles cessent presque de fonctionner. Cesar n’a pas encore le temps de froncer les sourcils que la fille à côté commence à toucher à tout les boutons de l’ascenseur. Elle a l’air paniqué et ça lui ferait presque de la peine, s’il n’était pas intrigué par ce comportement soudain après cette énorme de silence et ce vent magistral qu’elle lui a foutu. Oh-oh, du calme. L’ascenseur est sûrement tombé en panne. Glisse-t-il alors qu’il essaye de s’interposer entre ces pauvres boutons et les mains de la jeune femme. Te mets pas dans tous ses états, ils vont bien s’en rendre compte d’ici cinq minutes. Il glousse ensuite, espérant que c’est bien cinq petites minutes. Il se fout un doigt dans l’œil. Il se tourne ensuite vers les boutons qu’elle torturait quelques secondes plutôt et appuie sur le gros bouton rouge « Urgence ». Pas de réponses. Il se tourne ensuite vers l’étudiante en grimaçant. Ils finiront bien par répondre, j’veux dire… Reste calme. Il tente de faire son mieux possible pour ne pas la voir se transformer en furie. C’est mal parti. Son expression faciale en dit long. Seulement, en restant fixé son sur visage pendant trente bonnes secondes, il se rend compte qu’il connaît la furie. Les souvenirs jaillissent et il se souvient que ce n’est pas le premier vent qu’elle lui fout. Il se met soudainement à rire, un rire pas nerveux, mais ni joyeux. Juste amusé de cette coïncidence et ayant toujours à travers la gorge cette nuit.

Le dos contre le mur, je croisais mes bras contre ma poitrine tout en regardant les chiffres défiler. Étant donné qu’ils avaient bloqué l’accès aux escaliers pour je ne savais quelle raison, je n’avais pas eu d’autre choix que de prendre l’ascenseur. Du bonheur à l’état pur. Tous ceux qui me connaissaient personnellement savaient que j’étais claustrophobe et que ça me faisait paniquer. Disons que j’évitais le plus possible cette merveilleuse invention, j’avais un tout autre regard sur son utilité. Ou plutôt, son efficacité devrais-je dire. Seul le soupir de l’homme se faisait entendre dans l’étroite cabine, cet homme à qui je ne faisais pas vraiment attention jusqu’ici. Du coin de l’œil, je remarquais qu’il se préparait à sortir sauf qu’au même moment, l’ascenseur cessait de fonctionner. L’intensité de la luminosité diminuait, au point que les lumières scintillaient. Mille pensées traversaient mon esprit. Je me jetais littéralement sur les boutons de l’ascenseur, comme si ma vie en dépendait. Parce que oui elle en dépendait, c’était en quelque sorte de la survie. J’étais complètement paniquée, j’appuyais sur tout et n’importe quoi. Je commençais à gueuler dans la boîte métallique, je savais pertinemment que péter les plombs ça ne servirait pas à grand chose mais je le faisais. Au point que l’individu venait s’interposer entre les boutons et moi, de sorte à m’empêcher de les maltraiter davantage. L'ascenseur est en panne et tu me demandes de rester calme? Non j'vais pas me détendre. continuais-je en gueulant, je réagissais fortement à son 5 minutes, parce que les gens comme moi pouvaient pas rester calme pendant ces quelques minutes, non. Le gars appuyait sur le bouton d'urgence et évidemment, y'avait pas de réponses. Mon visage se décomposait, je commençais à m'imaginer le pire. Arrête de me demander de rester calme parce que j'vais m'énerver là. comment j'étais censée rester calme alors que je souffrais de claustrophobie, pas de sorties d'urgences, personne pour nous aider, en compagnie d'un mec qui essayait de dédramatiser la situation? J'étais en train de le foudroyer du regard lorsqu'il se mettait soudainement à rire. J'peux savoir qu'est-ce qui te fait rire? c'était la goutte de trop en fait.  

En général, Cesar avait tendance à paniquer pour le moindre petit détail. On pouvait souvent le voir comme un mec posé, tout le monde connaissait ce côté de sa personnalité. La panique, la remise en questions, les doutes, mais surtout le besoin de savoir que tout était bien fonctionnel et que rien n'allait dérapé sous ses yeux. Cesar aimait quand tout était bien fait, rangé, dit, organisé. Garçon qui aime pas le désordre ou les imprévus (parce qu'il pensait pouvoir tout prévoir, comme si le monde était prévisible - et qu'on soit clair, il était loin de l'être). Cesar aurait pu essayer de la comprendre, mais il n'a pas perdu son temps à vouloir la calmer. Il pensait pouvoir directement sortir de là en appuyant sur le bouton "urgence" et se faire voir comme un héro, mais les choses prirent une tournure différente. Il avait une furie sur son dos, presque plus de batterie et plus d'énergie du tout. Fin de soirée, de week-end, de semaine, il était mort. Complètement. Et maintenant, il devait gérer une folle furieuse, mais aussi trouver une solution puisque la sécurité censée être présente était absente. Incompétents, qu'il murmura silencieusement. Tout comme elle, il ne voulait pas être coincé ici et pourtant, il n'en faisait pas tout un spectacle. Il décida donc d'ignorer son humeur sanglante. Il n'avait pas le choix, de toute manière. C'est vrai qu'en jouant la meuf furieuse, l'ascenseur va se remettre à fonctionner. Te mettre en colère sert à rien. Pour une fois, Cesar était certain d'avoir une bonne logique (ce qui était rare) et il pourrait se battre pour défendre celle-ci. Attention, il n'allait pas taper sur son visage de poupée juste pour lui faire comprendre qu'il avait la bonne logique. Il n'était pas le sauvage dans l'histoire, elle l'était. Si quelqu'un venait à se faire frapper dessus, c'est bien Cesar. Les sourcils haussés, il secoua sa tête de droite à gauche. Les femmes étaient beaucoup trop complexes. Incompréhensible. Quelques mots avaient suffis à la mettre en colère, comme s'il venait d'insulter tout ses ancêtres. Pourtant, il lui avait seulement dit de se calmer, pour son bien. Il s'attirait les foudres de l'étudiante sans même en vouloir. Allez, énerve-toi. J'essayerai même plus de nous sortir de là. Arrête avec tes menaces à deux balles, tu me fais pas peur. Il soupira. Il peut dormir dans l'ascenseur comme un clochard, ça ne le dérange pas. C'est juste pas aussi confortable que son lit. Cesar, il a rigolé, amusé, en voyant le minois paniqué de la gamine. La dernière fois qu'il l'avait aperçu, c'était à une fête. Une fête où elle l'avait laissé en plan. Elle s'était envolée sans pitié. Il ne l'avait plus revu depuis et le fait qu'ils se retrouvent dans de telles conditions, à se crier dessus, l'amusait plus qu'autre chose. Elle méritait ce qui lui arrivait d'après Cesar. Attends... Il bouge plus et agite ses mains vers son visage, comme pour lui dire "Regarde mon magnifique faciès" Tu te fous de moi ? Tu te souviens vraiment plus de moi ? De la fête ? Parce qu'il pensait son visage inoubliable et que pour une seconde fois, elle piétinait son égo. Il avait désormais cet air surpris et déçu sur le visage. Elle méritait vraiment ce qui lui arrivait.