late night swim (ashley)

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emma partait toujours du principe qu'il n'y avait rien de plus absurde que sa propre existence. ainsi, elle n'avait pas à s'inquiéter du bien-fondé de ses actions. elle se demandait parfois pourquoi elle continuait à aller travailler le matin alors que personne ne l'attendait vraiment, mise à part une administration un brin susceptible. elle regrettait le temps où elle s'imaginait aventurière en amazonie ou danseuse étoile. elle était rentrée dans le moule, comme n'importe qui. c'était son destin, après tout. il n'y avait pas lieu de lutter. mais elle étouffe, emma, dans l'ordinaire. non pas par volonté égocentrique de se démarquer à tout prix, cela lui était tout simplement trop lourd à porter. aujourd'hui, elle avait mis deux chaussettes de couleurs différentes. elle aurait aussi sûrement dû mettre deux sucres dans son thé au lieu d'un. juste pour se sentir un peu plus libre. elle ne comprenait pas trop pourquoi elle se sentait obligée de faire tout ça. elle ne comprenait pas non plus pourquoi elle se trouvait debout sur cette table de la bibliothèque, en maillot de bain et lunettes de plongée, s'apprêtant à faire le premier saut de l'histoire de brown dans une piscine gonflable remplie de livres. alors qu'elle se penchait et étendait les bras, il lui semblait se souvenir qu'elle avait toujours voulu se baigner dans des livres. une sorte de métaphore un peu intellectuelle, sûrement. cela devait être la raison pour laquelle elle s'était faufilée en douce à la nuit tombée dans la library, prenant le risque encore une fois de se faire renvoyer par quelque bureaucrate un peu agacé. ce n'est pas comme si une présence chaleureuse se languissait de son retour. dans une optique très camuséenne, elle fléchit les jambes et s'élança dans l'océan de papier. c'était sans doute plus douloureux qu'elle ne l'aurait imaginé. de retour sur son plongeoir, quelque peu ankylosée, elle réfléchit. c'est un peu osé, comme action, dans son cas, mais elle essaie quand même. elle devait trouver une solution pour améliorer l'élasticité de la surface des livres. il y avait son collègue, le petit ashley, qui se débrouillait plutôt bien dans tout ce qui était scientifique. elle, elle n'y connaissait pas grand-chose. lui saurait certainement. en plus, il était très intelligent. enfin, d'un autre côté, il valait mieux qu'il ne soit pas là pour ne pas voir ce pauvre manuel de chimie totalement annihilé lors de ce si gracieux plongeon. d'ailleurs, n'était-ce pas lui qu'elle apercevait au coin de cette étagère? elle n'était pas trop sûre. elle voyait trente-six chandelles après son atterrissage forcé, sa vision était floue et elle titubait un peu. non, ne me regarde pas. je suis toute décoiffée. elle ignorait même si elle parlait à une vraie personne ou une vision de son esprit, mais ça faisait partie du trip, sûrement.

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Ashley était l’ennemi juré d’une des bibliothécaires. Tous les élèves étaient au courant, puisque les rumeurs étaient inévitablement colportées, même par les rats de bibliothèque qui étaient les seuls à sévir en ces lieux. Elle le détestait foncièrement, puisqu’il créait inévitablement du bordel partout où il allait. C’était son instinct de survie qui lui avait donc conféré la capacité de s’introduire dans les lieux dans toute la discrétion qu’il s’imposait, lorsque personne n’était là pour le juger. À chaque fois qu’il voulait consulter les ouvrages, il attendait la nuit tombée, et se faufilait en cet endroit qui n’était pas si protégé que ça, en paniquant à chaque bruit suspect qui pouvait éventuellement signifier l’approche d’un ennemi de ses escapades, qui pourrait mettre en péril ces dernières. C’était donc pour cette raison que le petit cri qu’il entendit faillit lui arracher son dernier souffle, faisant tressauter son cœur de manière incontrôlée pendant les secondes qui défilaient beaucoup trop lentement à son goût. Néanmoins, résistant à son désir primaire de faire demi-tour et de retourner dans la solitude de son appartement, il s’approcha doucement pour vérifier que la personne n’avait pas besoin d’aide. De toutes les façons, même si c’était quelqu’un qui était supposé être là contrairement à lui, la personne ne cafterait pas s’il lui venait à son secours. Il ne pouvait pas imaginer ce qui pouvait bien arriver à quelqu’un à la bibliothèque, mais il valait mieux être sûr que la jeune femme -le cri était aigu- était bien en sécurité.

En catimini, il s’approcha donc de l’origine du son alarmant, en se servant des ombres pour appui afin de ne pas être vu. Ce fut une tentative plus que ratée d’être discret puisqu’en apercevant la scène, il lâcha un oh sonore, capable de réveiller un mort. Mais de toute façon, il ne risquait plus rien puisqu’il reconnut instantanément sa chère collègue, qu’il considérait comme une amie, et qui était là dans l’illégalité totale comme lui. À sa demande, il arrêta d’ailleurs de la toiser, en détournant le regard, comme un enfant pudique qui venait de se faire réprimander par sa mère. Désolé, je voulais pas te déranger, j’avais peur qu’il te soit arrivé quelque chose quand je t’ai entendu crier. Il écrasait la distance entre eux, tout en gardant précautionneusement au-dessus de ses yeux une main comme visière l’empêchant de voir Emma, en accord avec son souhait. Tu fais quoi, là ? qu’il demanda incrédulement, en observant la piscine gonflable. Plein de questions fusaient dans son esprit, mais son enthousiasme prit le dessus d’autant plus lorsqu’il découvrit comment elle était remplie. Oh chouette, une piscine de livres. Je peux te rejoindre ? Il n’attendit même pas la réponse qu’il commença à se déshabiller en retirant sa chemise. Pourquoi n’y avait-il jamais pensé avant ? Et puis surtout, pourquoi n’avait-il pas été invité ?

» After the night, the next day (ft. Ophé)
» beauty shock in the night (Livia)