(Livia) Don't need this empty feeling to carry me on

C’étaient l’une de ces journées où rien n’allait. Où il broyait du noir, où il n’était plus aussi plein d’espoir. Les réminiscences de la relation la plus toxique qu’il ait jamais eue venaient lui exploser au visage, tel un mauvais présage. Il ne sera peut-être plus jamais aimé comme il croyait l’avoir été. Il ne connaîtra plus jamais la joie de retrouver quelqu’un chez lui. Ce n’était qu’une illusion. Un vestige du passé qui avait tendance à s’accrocher plus que de raison, l’écorchant au passage sans prendre en considération les blessures déjà omniprésentes. Il ne voulait pas quitter le lit, trop obnubilé par la douleur qu’il ressentait. Parfois, il se demandait si ça n’aurait pas été plus facile de rester dans l’imposture, prétendre que tout allait bien avec Benjamin alors que les insultes, et parfois les coups, fusaient une fois les stores baissés. Mais bien sûr que non, ça n’aurait pas été plus facile. Il le savait au fond de lui. Il avait parfaitement conscience qu’il était dans une situation exécrable, dont il aurait dû se sortir il y a longtemps déjà. L’amour l’avait retenu. La conviction que son Benji était un bon homme, qui n’avait que des accès de jalousie, également. Et il regrettait toutes ces années où il lui cherchait des excuses, où il s’était fait dépouiller de son sourire et de son innocence. Même maintenant, son influence était parfois présente. Elle ruinait ses matinées, lui faisait passer l’envie de quitter son lit et le transformait en zombie ambulant. Un coup d’œil dans le miroir, et hop, Ashley n’était plus le même.

Il avait le besoin pressant et urgent d’en parler. Ça devenait viscéral, ça s’emparait de son cœur et ça le broyait sans retenue. Il ne savait pas si elle avait cours aujourd’hui, mais il ressentait la nécessité de parler avec quelqu’un qui comprendrait. Alors, il s’empara de son téléphone et envoya un sms à Livia, en espérant qu’elle le lira. En espérant qu’elle rappliquera très vite, pour le sortir de cet état qu’on ne lui connaissait pas. C’était une chance qu’aucun des présents n’était familier, s’il y avait l’un de ses élèves ou l’un de ses collègues, sûrement qu’ils auraient cru qu’il avait une mort dans la famille ou un truc du genre. Mais c’est la mort temporaire de son cœur dont il s’agissait. C’était la nostalgie, mêlée au dégoût qu’il éprouvait vis-à-vis de la situation, vis-à-vis de lui-même. Il tenait sa tête entre ses mains, complètement abattu, anéanti par la dépression qui semblait s’être introduite sans son consentement dans son être d’habitude jovial. Il avait du mal à respirer. Il avait du mal à vivre, se sentait trop dans ce monde où il n’avait pas su trouver ce qui était sain pour lui. Et en attendant, il ne savait pas si Livia viendrait le sauver de cet état où il s’était lui-même empêtré. Rien ne pouvait venir le distraire, ou le réconforter. Il fallait que ça sorte, il lui fallait un exutoire pour laisser tout le négatif derrière lui et se reconcentrer sur le positif. Il fallait qu’il retrouve l’équilibre qu’il savait maintenir naturellement, mais qui lui faisait défaut lorsque son cerveau lui jouait ce genre de tours.

DON'T NEED THIS EMPTY FEELING TO CARRY ME ON // feat. @ashley buchanan ※※※ Encore un examen. Mais cette fois tu t'en sors bien et tu n'avais pas stressée. Tu connaissais ton sujet sur le bout des doigts et il etait important pour toi de montrer que tu savais de quoi tu parlais. Un jury pour te noter, tu espères avoir fait bonne impression mais pour le moment tu prends un peu de temps pour te poser sur un banc du campus. Tu respires, choppant dans ton sac le téléphone que tu avais du éteindre ainsi que ta bouteille d'eau que tu vides presque aussitôt. Le téléphone est à peine allumer qu'il vibre déjà. Le monde a besoin de Livia. Ou pas. Des notifications pour instagram, quelques mails, et des messages privés sur les réseaux sociaux. Mais il n'y a un texto. Tu hausses les épaules et au moment ou tu veux pour le lire, une envie soudaine de vomir te prend. Tu te lèves, attrapant ton sac et courant aux toilettes les plus proche pour libérer cette nausée. Depuis quelques jours, elles se sont fréquentes. Toi qui disait encore à Ethan que tu gérais, que t'avais pas vraiment de symptômes. Les nausées sont visiblement bien là. Tu grimaces en te redressant, la mine un peu pale. comique pour une brésilienne. Tu soupires, te rinçant la bouche quand enfin tu prêtes attention à ton téléphone et au message que tu as reçu. tu l'ouvres, enfin, pour y lire le message d'Ashley. Un prof du campus. Autant dire que tu es pote avec beaucoup de professeur. Tu fais rapidement ton sac et tu presses le pas pour le rejoindre.

Il te faudra quelques minutes malgré tout pour arriver au Blue Room Cafe. Tu ouvres la porte, un peu essoufflée, et tu le cherches des yeux. Un sourire, un signe de la main mais t'es pas vraiment sur qu'il te voit en fait. Tu le rejoins a sa table, posant ton sac au sol après avoir poser tes fesses sur le siège devant lui. « désolée pour l'attente, j'avais un exam. qu'est-ce qui ne va pas mon chou ? » Faut pas chercher, tu donnes des petits noms un peu à tout le monde dans ces moments là, généralement c'est : mon chou, trésor, poussin. Non mais que tu les aimes spécialement. Parfois, quand t'as horriblement faim ou envie d'un truc en particulier, tu donnes mêmes des noms de pâtisseries.

Le cœur désemparé dans sa course folle, la sueur décaladant son dos et le malaise assuré, il ne se sentait pas bien. Pas bien du tout. Ça pouvait se voir, et c’est pour cela qu’il tentait de le cacher en tenant son visage entre ses mains. Lui qui n’aimait pas être seul apprécierait vraiment qu’on lui fiche la paix pour le moment. En attendant Livia, il ne voulait adresser la parole à personne, il ne voulait pas que quelqu’un d’autre intervienne ou essaie d’arranger les choses. Il n’avait pas la force de sourire, et il ne voulait pas se tourner en ridicule en se défoulant sur le premier venu. Il avait déjà la réputation d’être l’un des professeurs les plus bizarres de l’université, avec son Instagram cocasse et ses cours complètement décalés. Son attitude avec les élèves qui laissait suggérer non pas un paternalisme, mais un désir de faire partie de leurs rangs. Ils trouvaient tous cela incongru malgré le fait qu’ils jouaient le jeu, et il en avait conscience derrière ses éternels sourires. Et le voilà en train de tout remettre en question à cause d’un coup de blues injustifié, pour un connard qui l’avait maltraité et qui lui avait empoisonné l’existence. C’était là l’un des problèmes principaux chez Ashley : il était une victime qui ne voulait pas se sortir la tête de l’eau. Il se laissait faire, était incapable de la moindre pensée négative et pardonnait bien trop facilement. Au fond, malgré tout ce que lui avait fait Benjamin, il lui cherchait des excuses pour crédibiliser le manque qu’il ressentait.

Il ne l’avait pas vue venir. Et en entendant le bruit de la chaise qui bougeait à côté de lui, il n’y croyait pas trop, se refusait à espérer que c’était vraiment elle. C’est avec des billes humides qu’il essaya de la fixer, le brouillant provoqué par la pression de ses paumes sur ses yeux peinant à se dissiper. Un immense soulagement vint le submerger lorsqu’il reconnut les traits familiers, et le sourire qui avait le don d’être contagieux. Il émit un rire nerveux, à moitié entre le soulagement et l’embarras d’être retrouvé dans une situation pareille. Tu veux boire quelque chose peut-être pendant que je te raconte ma vie ? La façon avec laquelle il l’avait contactée lui rappelait quand il avait absolument besoin de vider son sac et qu’il faisait appel à l’un de ses amis. Ces mêmes amis très proches qu’il avait finis par perdre à cause de la jalousie de Benjamin, l’ayant éloigné de quiconque était susceptible de le retourner contre lui. Et son plan avait d’ailleurs très bien marché car au final, il n’y avait qu’un obstacle qu’il n’avait pas réussi à éliminer, et c’était Ash lui-même. Je suis désolé de t’imposer ça, j’ai honte. C’est juste que … je savais pas qui appeler. Des mots qui donnaient vaguement l’impression qu’elle était quand même la dernière roue de secours, chose qu’il essaya de rectifier aussitôt qu’il prit conscience des termes employés. Je veux dire par là que t’es la seule à qui je fais confiance avec ça. J’en parle pas à n’importe qui et … Vraiment, t’as faim ? T’as soif ? Parce que ça risque de prendre un moment. Il essayait tant bien que mal de reprendre contenance, alors qu’un maelstrom de sentiments contradictoires secouait son âme. Un ouragan faisait rage en son for intérieur, et il avait besoin de le canaliser.

DON'T NEED THIS EMPTY FEELING TO CARRY ME ON // feat. @ashley buchanan ※※※ Tu vois bien qu'il ne va pas bien. tu vois bien qu'il n'a pas l'air dans son assiette et tu apprécies de voir qu'il a pensé à toi pour parler de ce qui le tracassait. Vous deux, vous connaissez la vie de l'autre, vous connaissez les soucis que l'autre a affronter mais contrairement à toi qui a sortie la tête de l'eau, Ash continue de se voiler la face. Tu fais alors comme tu le peux pour l'aider, pour être là pour lui. Parce que toi tu te souviens que ça avait été d'un grand soutient d'avoir tes proches auprès de toi quand rien ne semblait aller. Pourtant tu leur mentait, tu ne leur racontais pas toute la vérité, les coups, les insultes, les humiliations, tout ce que tu vivais auprès de l'homme que tu avais épousé. Tu ne réponds pas encore à ses mots, tu le regardes simplement et tu lui souris pour etre rassurante. Tu finis même par bouger, posant une main sur son poignet puis sa main pour qu'il sache que tu es là. « tu as bien fait de m'envoyer un message, dis moi tout.. et je vais prendre un jus de fruit. » t'as besoin de vitamine, surtout après l'examen de ce matin mais tu sais que t'as encore rien manger, c'est pas bon parait-il alors tu ajoutes « et un cupcake framboises » Tu lui souris doucement. Rapprochant ta chaise de lui pour etre plus proche, parce qu'il ne veut surement pas parler trop fort. Tu es même étonner d’être dans un endroit public comme ça, blindé en tout cas. « Faut pas avoir honte, n'importe quoi. et puis j'ai tout mon temps j'ai pas d'exam avant demain maintenant. » tu sais que parler, ça fait toujours du bien, qu'avoir un avis extérieur ça aide aussi à prendre un peu de recul. et puis, t'es là pour lui, simplement.

Ça n’avait été qu’une pure coïncidence. Une incrustation habituelle dans les soirées d’élèves, et le voilà qui rencontrait cette perle, cette lumière qui était venue le sauver de l’obscurité de ne plus avoir d’amis. Depuis qu’il avait quitté Benjamin, il avait été très difficile pour lui de se résoudre à renouer avec les personnes qu’il avait perdues en chemin. Il estimait qu’il ne les méritait plus, puisqu’il s’était voilé la face, puisqu’il avait laissé la culpabilité prendre le dessus et l’empêcher de garder des êtres chers. Avec Livia, il n’avait pas besoin de s’excuser. Il pouvait juste être naturel. Faire preuve de spontanéité qui lui venait tout bêtement, comme les sourires qu’il s’évertuait à laisser apparaître sans pouvoir les freiner. Un nouveau départ qu’il avait apprécié et qu’il avait apprécié, avec les quantités raisonnables d’alcool qu’il avait dans le sang. Ils avaient passé une soirée mémorable à commérer et à se moquer de la jeunesse un peu « bébête » présente pendant la soirée. Mais ils avaient également eu un moment où ils avaient pu parler plus sérieusement, et où ils avaient ressenti une connexion réelle de par le vécu commun qu’ils avaient dû endurer. Malgré tout cela, il se perdait dans ses mots, bouleversé par la situation. Il aurait préféré éviter de se retrouver dans pareilles affaires, et mener sa journée tranquillement sans se soucier d’un quelconque ex-boyfriend qui ne devait même pas penser à lui.

Elle fit néanmoins le geste qu’il fallait, en posant sa main sur la sienne, ce qui eut le don de le faire sourire nerveusement et de le rassurer. Désolé, je pars dans tous les sens, j’ai un peu honte. Il fallait retrouver contact avec la réalité, arrêter de se perdre dans ses propres doutes, retrouver le chemin en dehors du labyrinthe qu’empruntait sa raison. Merci d’être là, vraiment, je te suis vraiment reconnaissant. T’es géniale. Il réalisait finalement toute la foule qui se trouvait en ces lieux, et combien il voudrait ficher le camp et trouver un endroit plus calme. D’habitude, le bruit était loin de l’affecter, et il ne se sentait jamais dérangé. Mais là tout de suite, pour la conversation qu’il souhaitait mener avec son amie, il espérait quand même un peu de tranquillité qu’il ne pourrait pas avoir ici. Est-ce qu’on peut prendre à manger, et aller ailleurs ? Parce que le climat n’est pas du tout propice pour la conversation que je voudrais avoir avec toi qu’il proposa maladroitement, alors qu’il savait pertinemment qu’il était responsable du choix du lieu à la base. À sa venue, il y a un moment déjà, il fallait dire qu’il n’y avait pas autant de monde. La proximité avec les étudiants avait toujours été la bienvenue, mais pour le moment, il souhaitait que Livia soit sa seule auditrice, et que rien ne vienne perturber leur session improvisée. Elle qui faisait des études de psychologie, elle allait avoir de l’entraînement avec lui. Elle devra faire preuve de patience pour ne pas lui foutre une gifle ou deux histoire de le sortir de son abrutissement. Je t’invite pour le coup, histoire de compenser que t’aies eu à te déplacer jusqu’ici qu’il tenta, avec un air gaffeur affiché sur son visage.