i'm not myself today (yona)

tu commençais à prendre tes aises, dans l'espace qu'il t'aidait accordé pour transmettre tes connaissances en la matière que tu enseignais. tu n'avais jamais été assez hautaine pour croire que tu savais tout sur tout, mais tu étais assez honnête envers toi même pour accepter l'idée que tu avais des bases solides. tant sur ton métier que sur ton intuition face à la race humaine. chacun de tes étudiants étaient différents, et leurs caractères se reflétaient souvent durant tes heures de classe. certains étaient studieux, toujours au premier rang, les yeux suivant chacun de tes pas, levant la main par moment. d'autres, et c'était surement ceux-là qui t'interessaient le plus. car ceux-là ne savaient pas trop qui ils étaient. entre les studieux et les rebelles du fond, ils oscillaient toujours. c'est d'ailleurs là où milo, le fils de joe, était la plupart du temps. élève assidu et relativement intuitif dans ta matière, tu essayais de comprendre de qui il tenait le plus. ce n'était qu'une simple étude de cas, rien de plus. tu lui portais un interet car son père t'avait tendu la main lorsque tu en avais besoin. c'était tout naturel que tu lui rendes la pareille à un moment. et ce moment était venu. d'aucuns penseront que les professeurs s'écoutent parler lors de leurs cours magistraux. pour certains, cela est le cas. mais pour toi, alors que tu récitais ses phrases travaillées à l'avance, tu observais chacun de tes étudiants. balayant du regard chacun des visages, tu attrapais par moment des regards. cela prouvait qu'ils écoutaient. et ce jour-là, le jeune filipps n'avait pas daigné accrocher ton regard. il était ailleurs. les sourcils légèrement froncés, comme son père lorsqu'il est énervé. tu t'amusais, à faire le comparatif, mais tu sentais que quelque chose se tramait.
alors que la sonnerie retentissait, tout le monde se levait dans un chahut à peine retenu. milo se précipitait vers la sortie, manquant de se prendre les pieds dans le sac de cette pauvre petite miss hodges, qui prenait son temps pour ranger ses stylos. c'est alors qu'il s'était retourné vers elle et l'avait interpellé d'une voix qui laissait transparaitre un mécontentement certain. malgré un frisson qui parcourait ta peau, te rappelant les pires moments de ta vie où un homme avait osé hausser le ton et les gestes envers toi, tu t'approchais du rang, posant une main sur l'épaule du jeune filipps. il n'y a rien de grave. on se calme. tu regardais le jeune milo, qui te fusillait du regard. tes sourcils se fronçaient: qu'avait-il en tête? que se passait-il derrière cette manifestation de haine? tu inspirais un bon coup. mademoiselle hodges, puis-je vous demander de quitter l'amphithéâtre? j'aimerais discuter avec mr. filipps en privé. la jeune fille, apeurée, rassembla en grande hâte ses affaires et partit en courant presque. tu t'étais légèrement éloigné du jeune homme, attendant que les étudiants sortent tous. milo n'avait pas bougé d'un iota. tu retournais à ton bureau, commençant à ton tour à ranger tes affaires. mr. filipps, je vous ai trouvé très distrait lors de ce cours, qui était pourtant important pour la compréhension des notions à venir. cela était partiellement vrai. pour une jeune homme avec ses facilités, le retard ne serait pas difficile à rattraper. me permettrez-vous de vous demander ce qu'il se passe? pourquoi êtes-vous si renfrognés? la question était venue d'elle même. car elle était naturelle. n'importe qui l'aurait posé. et toi, encore plus que les autres: car tu savais quelques détails en plus. y a-t-il des problèmes à la maison? avez-vous des soucis sur le campus, amicalement ou amoureusement parlant? je pourrais tout à fait concevoir que cela vous affecte. tu le regardais. il ne bougeait pas. seules ses épaules se levaient et s'abaissaient alors qu'il respirait. le stoïcisme dont il faisait preuve commençait à te faire peur. tu savais qu'un homme pouvait éclater à tout moment. tu en avais fait les frais, par moment. vous savez, je suis là pour vous écouter, si jamais vous ressentez le besoin de parler. cette phrase, que son propre père t'avait dit, quelques années auparavant. aujourd'hui, c'était à toi d'endosser son rôle. pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

la période de rebellion contre l'autorité que tu n'avais jamais expérimenté. le problème de l'identité parentale que tu n'avais pas eu à encaisser. mais tu sentais que milo était très affecté. ne serait-ce que par les réponses sèches qu'il te lançait, tels des couteaux acérés. je sais que je n'ai pas écouté. tu souriais intérireusement. évidemment que vous savez, vous êtes un élève intelligent. je ne faisais qu'énoncer les faits. tu n'allais pas te laisser marcher sur les pieds. et puis, d'un ton distant et renfrogné, il t'expédiait hors de ses problèmes. il ne se passe rien du tout. en tout cas, rien qui ne vous concerne. il avait raison de pointer le fait que cela ne te regardait pas. tu t'en voulais presque d'avoir demandé. sous couvert de vouloir l'aider, tu avais simplement fermé un peu plus la chrysalide qu'il s'entêtait à former autour de lui. tu devais trouver un autre moyen de l'approcher. même si j'avais le moindre problème, je n'en parlerais pas... je n'ai pas pour habitude de dévoiler ma vie à des inconnus. tu acquiesçais. tu comprenais, en un sens. tu haussais le sourcil, le laissant encore vider son sac. car au final, plus il parlait, plus il laissait tomber des miettes d'indices que tu tentais de récupérer. je n'ai rien à vous dire. j'aurais pu casser la gueule de cette petite idiote mais je ne l'ai pas fait. preuve que je n'ai aucun problème et que tout va très bien. tu eus un léger rire. étonné, en premier lieu. tu t'approchais de lui, t'appuyant sur le bureau du premier rang, tentant d'attraper son regard, un sourire compatissant aux lèvres. et le fait de vouloir "casser la gueule de cette petite idiote" est un trait de caractère normal chez vous? tu essayais de lui arracher un léger sourire à la dérobée, car tu savais qu'il allait se renfrogner très rapidement. mr. filipps, j'aimerais partager quelque chose avec vous. tu t'éloignais, allais dans les étagères de livres de la salle et tu en tirais l'exemplaire de ta thèse. l'une des dernières posées sur ces murs vieillis. tu l'amenais sur le bureau où milo s'appuyait. tu l'ouvrais à la page six. tu pointais du doigt la troisième ligne de remerciement. regardez, je vous prie. tu pointais le nom de son père. à peine avait-il lu qu'il relevait le regard vers toi. tu te lançais. votre père a été mon mentor pendant mes dernières années d'étude ici. malgré le fait qu'il ait été mon professeur, votre père a réussi à m'aider sur bien plus de pans dans ma vie que mon parcours universitaire. tu refermais la thèse, allais la remettre à sa place. votre colère est palpable, milo. quelque chose vous tracasse. tu te retournais vers lui. je ne peux pas vous forcer à me dire ce qu'il y a. mais une chose est sure, c'est que je suis là pour vous aider. cela ne me concerne peut être pas, mais mes problèmes ne concernait pas votre père non plus. pourtant, il l'a fait, il m'a écouté. comme je vous le propose aujourd'hui. et tentant de te radoucir, tu continuais. laissez-moi vous aider. je sais que vous aimez votre père plus que tout. si votre père m'a choisit comme élève, c'est peut être car j'en vaux la peine. connaissant un peu les filipps, tu savais que la famille était un ensemble sacrée. en titillant cette fibre, tu espérais l'amadouer. ou alors, déclencher sa colère. mais qu'importe, le faire changer d'attitude, briser la coquille, pouvoir vider un peu l'abcès.

cet enfant, grand enfant, incandescent de rage et de terreur. il avait sa façon de gérer, sa façon de voir la vie. mais, d'un point de vue administratif, il fallait qu'il se ressaisisse. il ne pouvait pas continuer avec des attitudes pareilles. cela lui ferait du tord. et tu étais persuadée qu'il le savait. même s'il les enchainé. même si certaines mériteraient qu'on leur montre qu'on est pas des idiots, je ne suis pas du genre à frapper les filles... tu grimaçais, légèrement. et sans le regarder, tu répondais gentiment. ne tenez pas des propos que vous allez regretter dans quelques heures, une fois que vous serez calmé. il n'y a que les lâches qui frappent les femmes. tu étais peut être un peu sèche, mais c'était la vérité. et alors que tu partageais ce bout de toi, ta thèse, avec lui, il semblait apaisé. quelques secondes, peut être, le temps d'y voir plus clair. tu souriais. l'influence qu'avait son père sur son âme était non-négligeable. oui je suis en colère, je suis en colère de plein de choses mais c'est pas pour autant que je vais le dire... je suis capable de me débrouiller tout seul pour y gérer... je l'ai toujours fait... et la compassion t'imprégnait. tu secouais légèrement la tête. personne n'a a combattre ses tourments tout seul. mêmes les meilleurs ont toujours trouvé du réconfort sur une épaule.. et tu t'essayais à une autre remarque. même votre père. tu savais que tu attraperais son attention en lui disant ça. si mon père vous a fait confiance, alors je pourrais vous faire confiance aussi... mais à la condition que vous ne chercherez pas à tout savoir de moi... j'ai du mal à donner ma confiance et ce n'est pas d'un claquement de doigt que vous l'aurez... tu compatissais et acquiesçais. nous avons donc un accord. n'hésitez pas à venir me parler, quand vous serez prêt. vous aviez échangé un regard, un sourire. merci, de m'avoir montré ça. tu eus un léger rire. ne lui en parlez pas, je pense que j'en entendrai parlé pendant deux décennies.. tu restais là, neutre à ses cotés. tu avais peur de le froisser, mais tu voulais l'aider. votre père s'est aussi appuyé sur moi, vous savez. lorsqu'il se questionnait, lorsqu'il avait besoin de vider son sac.. j'étais là. j'écoutais. sans juger, sans conseiller. simplement, j'écoutais. peut être que c'est ce qu'il vous faut, à vous aussi. et sachez que je suis là pour ça. tout le corps professoral est là, si jamais vous ne vous sentez pas assez à l'aise avec moi. tu posais alors une main compatissante sur son épaule. votre bien être dans ses lieux et la chose qui importe le plus.

mes mots dépassent souvent mes pensées, mais j'ai toujours été comme ça.. il manquait de mesure, peut être de réflexion. surement était-ce son esprit impulsif et blessé qui répondait avant le calme et la réflexion de son cerveau. qui pouvait l'en blâmer? que le premier qui n'a jamais eu de sautes d'humeur lui jette la pierre. cela nous arrive à tous. tu tentais de le réconforter, d'une certaine manière. jusqu'à ce que son agressivité reprenne. tu avais du mal à le cerner. dès qu'il s'ouvrait d'un coté, s'attendrissait, il se refermait aussi sec sur tes doigts à d'autres égards. une anguille, difficile à attraper, impossible à calmer. je ne suis pas un adolescent, je sais gérer mes problèmes tout seul.. une réponse relativement puérile, mais qui sied parfaitement avec son état d'esprit actuel: parler, réfléchir après. tu souriais, doucement, lui lançant un léger regard en biais. car vous pensez qu'il n'y a que les adolescents qui ont des problèmes qui nécessitent de l'aide? tu essayais de l'aider à se questionner sur l'utilité de son état d'esprit renfermé et enfantin qui se veut adulte avant l'heure. plus les années passaient, et plus tu réalisais à quel point la maturité n'était qu'un mythe. jamais personne ne faisait de réels choix seuls: il suffit d'écouter les avis des autres, et les mélanger à notre convenance pour avoir la solution qui nous convient le mieux. mais jamais cela ne vient par l'action du saint-esprit. c'est ce que tu essayais de faire comprendre à milo, de manière détournée. attendez vous êtes en train de croire que rien ne va? mais tout va bien, je vous l'ai déjà dit. et j'espère que vous en parlerez pas à mon père... parce qu'il n'a pas besoin de s'inquiéter pour rien.. tu souriais. il essayait de protéger son père. c'était tout à son honneur. milo, asseyez-vous. il croisait les bras, bien décidé à ne pas écouter. s'il vous plait? et tu souriais, lorsque tu le vis s'activer vers la première chaise du rang. il s'installait, certes de mauvaise fois, mais il le faisait. et il attendait, impatient. tu t'approchais, t'installais à coté. faites moi confiance quand je vous dis que tout ce que nous sommes en train de nous dire ne sortira pas de cette salle. je suis tenue au secret professionnel avec mes étudiants, et cela même avec mes collègues de travail. donc je n'ai pas à parler à votre père de cette entrevue, même s'il fait partie du corps professoral de cet établissement. d'accord? tu tenais à appuyer encore et encore sur ce fait. qu'il comprenne que tu étais là pour lui, pas pour soutirer des informations que tu iras revendre à son père sur l'oreiller. je n'ai jamais dit que ça n'allait pas. ne déformez pas mes propos. je dis simplement que quelque chose, peut être d'infime, vous tracasse. et je ne vous oblige pas à me parler, je vous répète simplement que si jamais l'envie vous prenez, je suis là pour vous conseiller. tu ne rebondissais pas sur la fin de sa phrase, qui laissait sous-entendre que joseph était préoccupé. car tu ne voulais pas que milo puisse se faire des idées. mais, à dire vrai, tu t'inquiétais. je ne suis pas votre ennemie et je ne suis pas une espionne de votre père. je vous fais simplement la faveur qu'il a pu me faire, il y a de cela quelques années, et qui m'a probablement sauvé la vie. ou du moins, sauvé mes études, ce qui est déjà pas si mal. tu souriais, tentant de le faire rire. un peu. pas beaucoup. simplement le dérider, l'aider à défroisser ce front. si vous voulez exprimer ce qui vous tracasse, vous pouvez. cela fait toujours du bien, de crever l'abcès. vous vous sentirez mieux après. tu tentais le tout pour le tout.