french lesson; leo.

un souffle s'échappe de tes lèvres, tandis que tu rassembles toutes les copies étalées sur la table à laquelle tu es installé. tu formes un paquet régulier, faisant en sorte que toutes les feuilles soient dans la même position, avant de sortir une pochette de ton sac et d'y glisser le tas. tu y as passé bien assez de temps pour aujourd'hui et tant pis, tu rendras leurs devoirs aux premières années un peu plus tard que prévu. tu avises rapidement ta montre, l'heure avance et tu n'as pas tout ton temps, c'est aussi pour ça que tu t'es stoppé dans ta correction. tu balances ton sac sur une épaule et tu te dépêches de quitter cette salle ou l'odeur de café règne presque constamment. tu as un faible pour le thé. tu glisses tes doigts dans tes cheveux et un juron manque de s'échapper de tes lèvres quand ton genou te tire. résultat d'une journée passé à faire des aller-retour entre deux amphis. pas vraiment idéal, mais tu n'as pas le choix certains jours. tu te diriges vers un bâtiment assez calme à cette heure, ne comportant quasiment que des petites sales, pas grand chose d'exploitable quand il s'agit de donner cours à une promotion entière. et ça te fait encore bizarre, de t'avancer au milieu de l'amphithéâtre pour installer tes affaires sur le bureau. tu te pinces brièvement les lèvres en pensant à tout ça. pas le temps de douter de quoi que ce soit. une salle parmi un autre, un numéro au milieu d'autres. tu pousses une porte entrouverte, ton regard se pose sur une jeune femme. brune, troisième année, quelques lacunes à combler. tu lui offres un sourire. leo, c'est ça ? tu demandes en refermant la porte derrière toi, abandonnant ton sac sur le bureau. encore quelques vieilles habitudes d'étudiant qui tendent à refaire surface quand tu te trouves à l'université.

lacunes en français qui pèsent sur ses études. on le lui a répété, il faut qu'elle corrige ça, pour son avenir. mot qui lui donne le tournis, mot qui l'étouffe peu à peu. langue de voltaire qu'elle ne maîtrise pas, qu'elle déteste, dans laquelle elle mélange un peu tout. baleine devient daleine, ou simplement « le gros truc dans l'eau, tu vois ? » accent italien toujours présent, notamment lorsqu'elle bafouille quelques mots, mine renfrognée lorsqu'elle s'en rend compte. doyen qui lui a proposé quelques séances d'aide avec le professeur dunham, qu'elle ne connaissait pas vraiment. trop de fierté, leo qui refuse, promettant une excellente note au prochain test. illusions qui disparaissent, un joli dix qui trône en haut de la copie, la narguant presque du haut du piédestal qu'offre le vingt écrit rapidement, avec agacement, sans doute. égo qu'elle ravale, nouveau rendez-vous, après quelques remontrances, elle accepte enfin, pour son avenir, qui promet d'être glorieux. léger rire jaune quand il évoque ce mot, pour la énième fois, yeux au ciel comme della rovere sait si bien le faire depuis qu'elle est gamine. un horaire est trouvé, rapidement, comme si cet imposant monsieur le savait déjà, comme un devin qui annonce la chute d'un empereur. rien à faire ce jour-là, elle ne peut protester ou essayer d'esquiver. nouveau soupire, regard désobligeant de son interlocuteur. il argumente, et leo, elle n'a que son regard revolver pour montrer sa colère. jour enfin attendu, ironie, elle se dirige vers un bâtiment, prudemment, avec méfiance. elle se perd un peu, cherchant la fameuse salle dans laquelle tout va se jouer. elle place ces pions, essayant de trouver quelque chose pour partir, et vite. souvenirs qui reviennent en tête, elle peut pas faire ça. pour ne pas finir comme bart, pour ne pas finir rejetée, damnation suprême, mœurs qui n'évoluent que très peu. salle enfin trouvée, elle sort ses affaires leo, s'installe, attendant patiemment, sage, pour une fois, elle relit quelques jours, sérieuse, pour une fois. homme qui entre, brun, probablement le fameux dunham. leo, c'est ça ? oui, c'est ça. et vous devez être monsieur dunham ? ça sent le renouveau, pour une fois.

tu ne la connais pas, nom et prénom inconnus, sa tête dois l'être aussi. tu n'as pas une mémoire exceptionnelle, mais tu arrives à retenir les visages et associer des noms. et tu ne penses pas l'avoir déjà vue dans ton amphi. tu soupires un peu, déambules dans les couloirs en cette fin de journée, pestant silencieusement contre ce genou douloureux, mais tu en fais bien rapidement abstraction et tu fais en sorte de marcher à peu près normalement. tu te pinces les lèvres, atteint la salle dans laquelle la jeune femme se trouve déjà. bingo, son visage t'es bel et bien inconnu. leo, de mémoire. sans doute un surnom, tu n'en sais trop rien, c'est le patronyme qu'on t'a donné quand tu as acceptés de consacrer quelques heures à la jeune femme. oui, c'est ça. et vous devez être monsieur dunham ? tu hoches la tête et tu viens t'appuyer contre le bureau, l'observant quelques instants. c'est toujours un nouveau défi que de te trouver face à de nouveaux élèves. parce que t'as parfois la gueule d'un étudiant, encore. tu l'étais l'année passée, après tout. tu viens frotter tes doigts contre ta joue, barbe naissance qui t'aides à avoir un peu plus de sérieux. c'est bien ça. tu souffles finalement. alors ... le doyen m'a informé que vous aviez quelques lacunes en français et qu'il fallait les combler, mais il ne m'a pas dit grand choses de plus ? ce sont des domaines en particuliers ? tu demandes doucement, vérifiant les quelques notes prises à la va-vite durant cet entretien avec le doyen. t'étais complètement flippé ce jour-là. tu rapportes ton attention sur la jeune femme. orthographe, grammaire, compréhension écrite ou orale ? tu n'en sais trop rien pour le moment. et tu comptes bien faire tout ce que tu peux pour l'aider à s'améliorer un peu. tu as également cru comprendre que c'était important pour son dossier et la suite de ses études, sans poser plus de questions. tu te pinces brièvement les lèvres et fouilles ton sac pour en sortir quelques fiches que tu as donné aux premières années pour tester leur niveau. autant commencer par le commencement.

le futur, c'est quelque chose qui l'effraie littéralement leo. géniteurs qui doivent être fiers, c'est un fait, fiers de ce qu'elle va accomplir. si seulement elle n'était pas perdue, voie qu'elle refuse de trouver et qui refuse de la trouver. pas le choix, matière majeure exigée par les della rovere, neurologie à laquelle elle ne comprend rien. si seulement tout était facile. doyen qui la force à prendre des cours particuliers après de longues négociations, leo qui finit par accepter, mais évidemment, à contre coeur. rendez-vous vite trouvé avec le professeur dunham, qu'elle ne connaît pas, elle est un peu hésitante mais le français étant quelque chose d'important pour son futur et son principal point faible, elle est là, dans le bâtiment indiqué, avec une dizaine de minutes d'avance, élève sérieuse quand ça lui chante, assez rarement, avouons-le. le professeur dunham qui arrive pile à l'heure, assez jeune, leo qui s'étonne de ne l'avoir jamais croisé. présentations, quelques mots rapides échangés. alors ... le doyen m'a informé que vous aviez quelques lacunes en français et qu'il fallait les combler, mais il ne m'a pas dit grand choses de plus ? ce sont des domaines en particuliers ? leo qui analyse ces quelques informations, fronçant les sourcils, le français n'est pas vraiment son truc. c'est principalement en grammaire même si selon moi, mes lacunes dépendent de la longueur du texte. léger accent qu'on peut entendre, moue gênée. elle oublie de mentionner sa difficulté à différencier certaines syllabes, tant pis. quelques lacunes, ce n'est pas très juste, elle ne sera pas trilingue avant un certain temps, c'est sûr. mais ce cours est fait pour l'aider, espérons que cette aide lui soit bénéfique.