so how will you do when I mark this page. (basile)

Winnie, elle ne se sent pas à sa place. Elle regarde les corps qui se secoue au rythme de la musique, les fronts dégoulinant de sueur, taux d’alcoolémie déjà bien atteint. Non, elle n’a rien à faire là. Pas qu’elle ne sait pas s’amuser la gamine, mais les soirées étudiantes, c’est pas son truc. Et puis elle trouve ça ridicule de devoir se préparer pour ce genre de festivité. Elle aurait préféré rester dans son legging avec un chignon négligé à surfer pendant des heures sur internet à la recherche de vidéo hilarante. Ce n’est pas l’activité la plus folle qu’on puisse faire en soi, mais ça lui aurait suffi. Mais Winnie elle était comme tous les jeunes adultes, entretenir sa vie sociale était une priorité qu’elle n’arrivait pas toujours à comprendre. Alors quand une connaissance plutôt influente dans la confrérie l’a invité à sortir, elle n’a malheureusement pas su refuser. La journée fut longue. Shopping improvisé pour trouver une tenue adéquate pour ce soir. Et apparemment, ce qui est conseillé pour la discothèque, c’est du moulant et vulgaire. Winnie se sera battue pendant une heure avec son amie avant de céder devant une robe simili-cuir noire et courte. C’est bien à cause de ça que Winnie se dandine depuis qu’elle arrivé dans cette robe tout sauf confortable et elle tire dessus, comme si un morceau de tissu pouvait à tout moment apparaître. Si ça n’avait été que la robe, elle aurait pu passer. Le maquillage et la coiffure était autant de mauvais goût que le reste. Elle n’était pas moche, ça non, comment elle aurait pu l’être avec autant de couche de peinture. Elle ne se reconnait plus, la fille qu’on connait si naturelle avec si jolie boucle avait un air de ressemblance avec une publicité pour MAC, les cheveux totalement lissés comme si les standards de beauté était réservée à cette apparence clichée. Mais ça Winnie ne le dirait pas. Elle est là, dans le carré réservé par ses étudiants prêts à débourser des salaires dans des bouteilles hors de prix pour impressionner des filles sur qui cela fonctionne.

Elle regarde les individus qui les accompagne, elle doit en connaître deux ou trois, mais pas les autres. Des quetards à qui Winnie ne donnerait même pas l’heure. Elle soupire à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche. Des êtres stupides, elle en vient à se demander si sa vie sociale est si importante que ça. Il lui demande souvent de participer à la conversation, Winnie se contente de grincer des dents ou d’offrir un regard qui n’invite pas à en rajouter. Sauf que l’alcool donne des ailes à certain. Alors il y en a un qui s’approche d’elle, qui se permet même de mettre son bras autour de son épaule. Winnie hésite entre ne rien dire et lui donner un coup de poing en plein visage pour qu’il n’est plus jamais l’envie de recommencer son geste. Elle choisit la première option, elle ne va pas tout gâcher maintenant. Il essaye d’articuler des mots, des phrases qui n’ont ni queue ni tête. Il lui postillonne dessus, Winnie n’en peut plus. « Tu m’excuses, je vais chercher un verre au bar. » Elle se lève, essaye de se glisser entre les danseurs fous, puis a enfin la chance de se trouver face au barman.  « Un verre d’eau s’il vous plaît. » Il est surpris, comme si elle venait de l’insulter. Elle ne relève pas son regard hautain, se contente de regarder la foule d’un air las. Et puis, c’est là qu’il apparaît. Même après trois ans loin l’un de l’autre, elle reconnaîtrait son aura parmi une foule déchaînée. Le cœur de Winnie se mets à battre trop rapidement à son goût. Basile, le seul et unique mec qui arrivait encore à déclencher quelques choses chez elle. Il était sûrement accompagné par des idiotes écervelés, Winnie n’avait aucune envie de voir ça, elle veut partir, rentrer à l’université et tant pis si sa vie sociale était au plus bas, dans tous les cas elle n’avait jamais été mauvaise que quand ce crétin avait mis fin à leur relation.

Putain, il l’a vu. Elle prie très fort pour qu’il ne la reconnaisse pas, faut dire qu’avec son accoutrement de pétasse, il pourrait ne pas la reconnaître. Non, il s’avance déjà vers elle. Il est trop tard pour s’échapper et son cœur se mets à battre de plus en plus rapidement à chaque pas qu’il fait vers elle. Il prononce son nom avec une certaine hésitation. Winnie, elle sent que son cœur est prêt à sortir de sa poitrine. Sa voix, ses yeux, ce physique. Rien n’a absolument changé chez lui et Winnie constate que rien n’a changé pour elle non plus. Il lui fait toujours autant d’effet des années après. Il lui dit que ça fait longtemps qu’ils ne se sont pas vus. « Ça fait trois ans pour être exacte. » Elle aurait pu être encore plus précise, mais elle n’a aucune envie de passer pour une fanatique. Si elle retient aussi facilement le temps passé depuis leur rupture, c’est parce qu’elle a passé toute cette période à chercher à l’oublier. Winnie voit que basile semble chercher quelqu’un du regard. Peut être une fille avec qui il est venu ici. Ça ne serait pas surprenant, avant qu’il ne disparaisse de la circulation, Winnie a pu le voir entouré de beaucoup de fille. Ce qui avait tendance à lui faire d’autant plus mal. Il la complimente et lui dit qu’elle a changé. Elle est gênée, elle se gratte même la joue nerveusement sans oser le regard droit dans les yeux. « Ce n’est pas moi tout ça. » Elle ne ressemble en rien à la fille qui se tient devant lui. « C’est ce à quoi on aimerait que je ressemble. » Autant être honnête, elle ne veut pas qu’il est l’image qu’elle soit devenue superficielle alors que ce n’est pas le cas. Elle n’a en rien changé dans son comportement depuis leur séparation. Sauf peut-être la rancune qu’elle garde en elle contre son frère et aussi un peu contre Basile de ne pas s’être battu pour eux deux. Il reste le même Basile, il a toujours cet air taquin qui lui scie à la peau. Il veut l’inviter à boire un verre, pour fêter la présence de Winnie en boîte. Elle rit. Parce qu’elle se sent bien à ce moment précis. Elle a l’impression d’être revenue au temps où elle ne vivait que de belles choses avec lui. « Je ne bois pas d’alcool, ça ne me réussit pas. » Les rares fois où elle a cédé à la boisson, elle a fini à pleurer après Basile ou à finir par danser comme une vraie traînée sur les tables des soirées étudiantes. Elle est quand même prête à céder, parce qu’elle veut pouvoir vivre ce court moment, comme à l’époque. Sauf qu’un bras entoure son épaule sans aucune douceur, manquant de la faire tomber de ses dix centimètres de talons. Elle tourne le visage vers le propriétaire de ce bras et l’odeur d’alcool qui émane de cet être la dégoûte. Il s’agit de l’un des types qui l’accompagné ce soir. Il pointe du doigt Basile d’un air mauvais. « Qu’est ce qui se passe Winnie l’ourson, ce connard te fait chier ? » Il a du mal à articuler convenablement, il a même donné un surnom à la jeune femme qu’elle déteste. Elle essaye de le repousser, mais il a posé tout son poids sur elle. Elle refuse qu’il parle de cette manière à Basile. Parce qu’elle refuse qu’il se fasse des idées quant à ses fréquentations. Elle ne veut pas que cet abruti gâche ce moment. Et surtout elle ne veut pas voir Basile en colère. Elle en a vu des crânes défoncés à cause de bagarre souvent causé par sa jalousie. Elle sait qu’ils ne sont plus ensemble, mais Basile il a toujours été comme ça. Foncer tête baissée dans le tas. Alors elle le supplie du regard pour éviter qu’il s’énerve, ce même regard qu’elle lui faisait lorsqu’elle essayait de le calmer et qu’elle parvenait souvent à faire. Comme au bon vieux temps.